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Saison 1 - Episode 10

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Confrontations et révélations

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   Un crépuscule rosé recouvre le campus de l’Université ce vendredi soir de juin. Il est près de vingt-deux heures et le soleil a disparu depuis un moment derrière la forêt, à l’ouest de l’Union. C’est cette heure de la nuit où l’on distingue encore aisément les silhouettes, alors que les visages sont indissociables les uns des autres. Les étudiants sont réduits à des ombres errant le long des façades des bâtiments ou assises en rond sur la pelouse du terrain de foot. Au fur et à mesure que la luminosité diminue, des rectangles dorés s’allument le long du mur des résidences universitaires y découpant des contours humanoïdes.

   Le semestre de cours étant maintenant terminé, les esprits sont tournés vers les examens de fin d’année qui ont commencé il y a quelques jours. Enfin, pas tous. Michaël Fassnacht a d’autres choses en tête. Si la plainte déposée contre lui pour harcèlement sexuel est avérée, il sera renvoyé de l’Université. D’ailleurs, même si son innocence est prouvée, il a manqué trop de classes ces derniers temps pour pouvoir espérer rattraper son retard et réussir les examens. Et comme la Faculté refuse qu’un étudiant redouble deux fois de suite sa première année, il sera de toute manière viré. Le jeune homme n’a donc plus rien à perdre.

   Les mains dans les poches, Michaël atteint l’orée de la forêt et s’enfonce dans le sous-bois. Tout de sombre vêtu, il a rabattu sa capuche et seule sa mèche blonde qui en dépasse permet de le discerner dans l’obscurité. Il avance à la dérobée en direction de l’étang. À cet endroit, les arbres s’éclaircissent pour laisser place à une mare dont l’eau stagnante reflète la lune. Un pont en bois de quelques mètres de long permet d’éviter le sol marécageux qui borde la flaque.

   De jour, le coin est plutôt fréquenté par les promeneurs de chiens, les joggeurs et certains résidents du quartier de villas qui se trouve de l’autre côté des arbres, mais le soir venu, l’endroit est connu des étudiants pour toutes sortes de débauches : fumette, deal, coup d’un soir, beuverie. Le pont est un lieu de rendez-vous facile à trouver, protégé des regards indiscrets par la forêt environnante, alors que la clairière offre un rai de lumière naturelle.

   En se plaçant derrière un bosquet feuillu, Michaël a une vue dégagée sur le sentier qui descend du campus et la passerelle en bois. Tapi comme un prédateur, il attend que sa proie pointe le bout de son nez. Pour passer le temps, il roule une cigarette. Il ne voit pas ce qu’il fait mais ses doigts connaissent les gestes à réaliser. Il s’accroupit pour l’allumer au ras du sol et ne pas faire remarquer le flash rougeoyant de son briquet. Le jeune homme ne fume que lorsqu’il fait la fête ou qu’il déprime. Aujourd’hui est un jour sans, comme hier et les précédents, mais il compte bien se distraire un peu pour se remonter le moral.

   Les minutes s’écoulent et rien ne se passe si ce n’est le mouvement machinal de ses lèvres qui pressent le papier. Mais il sait qu’elle va arriver. Elle a rendez-vous. Et elle n’a aucune idée de ce qui l’attend.

   Avec les accusations qui courent contre lui, Michaël est conscient que sa présence sur le campus est mal vue, surtout la nuit en pleine forêt. Pourtant il n’a pas pu s’empêcher de venir ce soir, c’était plus fort que lui. Il devait absolument la voir. Il prépare son plan depuis trop longtemps pour manquer ce moment crucial. Au fond, une part de lui-même jubilerait de la voir souffrir.

   Soudain, quelqu’un descend le sentier qui mène à l’étang. C’est elle. Michaël reconnait sa démarche. Il s’empresse d’éteindre son mégot dans la boue à ses pieds. La jeune fille s’arrête au bout du pont, encore à l’abri des feuilles, et sort son téléphone de la poche de son sweatshirt rouge. Michaël remarque qu’elle porte son habituel legging moulant et ses tennis blanches. L’écran de son portable projetant une faible lumière bleue sur le bas de son visage, il relève aussi que ses traits paraissent tendus. Elle se mordille la lèvre inférieure.

   Oui, il la trouve jolie, mais sans plus. Un peu maigre et musclée à son goût et beaucoup trop sérieuse et angoissée. Il se demande ce qu’elle pense de lui en retour. Elle n’a jamais montré signe d’attirance. Tout de même, est-ce qu’il aurait pu la mettre dans son lit s’il l’avait désiré ? Avec le recul, il remercie tous les saints de ne pas avoir tenté le coup.

   Alors que Michaël observe la jeune femme depuis sa cachette, il prend conscience de la perversité de sa présence ici. Elle est à quelques mètres de lui, sans le savoir. Totalement à sa merci. S’il le voulait, il pourrait se glisser derrière elle sans qu’elle ne le remarque, la prendre par surprise.

   Trop tard. Une seconde silhouette arrive à son tour. Comme lui, vêtue de noir, elle rejoint la jeune fille près du pont. Michaël se penche légèrement en avant et tend l’oreille. Il ne veut rien manquer de leur conversation.

   - Salut Amel, entame la nouvelle venue.

   - Nina ? s’étonne la première en rangeant son téléphone dans son pull. Tu tombes mal, j’ai rendez-vous avec quelqu’un…

   Amel fait mine de traverser le pont pour s’éloigner de Nina, mais cette dernière lance :

   - Quelqu’un qui est censé te remettre une preuve contre Michaël ?

   - Comment tu… ? bafouille la coureuse.

   - Je n’ai pas eu le choix. Il fallait absolument que je te parle.

   - Je n’ai rien à te dire. On est toutes les deux en train de perdre notre temps.

   - L’avenir de Michaël est en jeu, rétorque Nina. Alors tu peux bien m’accorder cinq minutes.

   Amel fait demi-tour pour se rapprocher de son interlocutrice et éviter de devoir parler à voix haute au milieu de cette forêt silencieuse.

   - Je n’ai aucun compte à te rendre. J’ai dit tout ce que j’avais à dire à la police.

   - Raconte-moi ce qui s’est passé et je te laisse tranquille.

   Michaël se colle aux buissons pour mieux capter les murmures des deux jeunes femmes, mais Amel semble ne plus trouver de réplique. Au bout de quelques secondes, Nina éclate :

   - C’est bien ce que je pensais ! Tu es incapable de me regarder dans les yeux et de me dire ta version des faits car il ne me suffirait que d’un quart de secondes pour savoir que tu mens. Il n’y a jamais eu d’harcèlement.

   Michaël sursaute au passage d’un oiseau ou d’un animal à quelques centimètres de ses pieds et fait craquer les branchages devant lui. Il se fige alors que les deux filles tournent la tête dans sa direction et tendent l’oreille. Plus rien ne bouge, alors Nina reprend :

   - Maintenant qu’on s’est mises d’accord là-dessus, dis-moi pourquoi. Pourquoi tu l’accuses d’une telle chose ? Est-ce que c’est par vengeance ? Il a repoussé tes avances et tu…

   - Non…

   - Tu voulais lui faire payer ton échec sportif ?

   - Non plus… C’est… c’est tellement compliqué. Je ne peux pas t’expliquer…

   - Pas besoin. En fait, j’ai ma petite hypothèse. Quelqu’un est venu te voir et a fait pression sur toi, une pression à laquelle tu ne pouvais pas résister, en échange du dépôt de ta plainte.

   Nina n’arrive pas à distinguer si c’est de l’étonnement ou du soulagement qu’elle voit apparaitre sur le visage d’Amel, mais celle-ci hoche subrepticement la tête.

   - Ce quelqu’un, enchaine Nina. C’était un garçon, la vingtaine, grand, des cheveux noirs ?

   Derrière les branchages, Michaël retient son souffle. L’heure de vérité est enfin arrivée. Même si au fond de lui, il est persuadé que Royalty est derrière toute cette histoire, il a besoin de l’entendre dire.

   Un nouvel hochement de tête de la part d’Amel confirme l’implication de Gabriel.

   - Il m’a proposé beaucoup d’argent, laisse-t-elle échapper. J’en ai besoin… Je suis désolée.

   - Moi aussi, siffle Nina. Parce que je vais tout faire pour innocenter Michaël et tu ne toucheras jamais ton argent.

   Ayant obtenu ce qu’elle voulait, Nina tourne les talons. Mais Amel craque :

   - Tu es amoureuse de lui, hein ?

   Michaël faillit presque tomber à la renverse dans l’étang en voulant se pencher encore plus en avant. Dans la nuit, impossible pour le garçon de déchiffrer l’expression de Nina, mais son silence est éloquent.

   Nina fait quelques pas sur le sentier, puis se ravise. Au tour de son cœur de s’exprimer :

   - Tu sais Amel, j’avais fini par t’apprécier. Mais là, les seuls mots qui me viennent à l’esprit quand je pense à toi, c’est salope narcissique. Après tout ce que Michaël a fait pour toi, j’aurais honte à ta place.

   Michaël observe Nina remonter le talus en direction de l’Union. Amel lance un juron à mi-voix dans son dos, puis s’engage à son tour sur le chemin.

   Pantois, le jeune homme reste encore un moment à l’abri du bosquet, digérant les révélations auxquelles il vient d’assister.

 

*

 

   Simon Dalambert a travaillé une bonne partie de la nuit pour son cours de programmation et n’émerge de son sommeil que tard dans la matinée. Quand il constate que l’heure est déjà bien avancée, il se force à sortir du lit sans tarder. Sur le chemin ensommeillé qui l’amène à la salle de bain, il rencontre Nina, installée confortablement sur le canapé du salon, une tasse fumante entre les mains.

   - J’ai cru que t’étais mort, rigole-t-elle, en voyant la touffe de cheveux ébouriffés de son frère.

   - Tu es là depuis longtemps ?

   - Une demi-heure environ. J’ai essayé de te joindre trois fois par téléphone et t’ai laissé cinq messages avant de venir. Si tu n’étais pas sorti de ta chambre d’ici dix minutes, j’appelais les secours.

   Simon sourit à la blague de sa sœur et lui demande de chauffer du café pour quand il sortira de sa douche.

   Nina est en train de s’activer dans la cuisine à préparer un petit-déjeuner pour son grand frère lorsque Michaël rentre chez lui. En apercevant la jeune fille dans le séjour, Michaël a soudain envie de faire volte-face pour éviter toute discussion. En effet, pour la première fois depuis qu’ils se connaissent, le garçon éprouve une certaine gêne en sa présence. Après son pathétique espionnage de la veille et les sentiments sous-entendus de Nina à son égard, Michaël ne sait plus où se mettre et cela ne lui ressemble pas. Généralement sûr de lui, il n’est pas le genre à se laisser impressionner par une demoiselle. Mais Nina n’est pas n’importe quelle fille.

   - Salut ! lui lance-t-elle gaiement.

   Michaël essaie de percevoir une quelconque pointe d’amourette dans le ton de la jeune femme, tout au plus un certain intérêt plus marqué. Mais elle ne laisse rien paraitre. Il la salue en retour.

   - Tu veux du café ? demande-t-elle, en montrant les deux tasses qui reposent sur la table basse.

   - Non, enfin oui. Mais je vais aller prendre ma douche avant.

   - Il y a déjà Simon.

   - Ah, ok. Alors… je vais attendre qu’il ait fini.

   À sa tenue de sport et sa peau moirée, Nina déduit que le colocataire de son frère est allé s’entrainer ou faire du jogging. Il retire le casque de musique qui pend autour de son cou et se penche pour délasser ses baskets. Une légère odeur de transpiration navigue jusqu’aux narines de la jeune fille.

   - Ok, répète-t-elle, ne sachant quoi dire d’autre.

   Les deux collègues patientent debout dans le séjour, n’échangeant en tout et pour tout que des regards embarrassés.

   Nina parcourt dans sa tête les sujets de discussion possibles : les examens, la météo, la santé, le boulot, l’enquête. Mais aucun ne semble approprié à la situation du moment. Et pourquoi Michaël ne dit-il rien ? Il a l’air coincé, mal à l’aise, et cela ne lui ressemble pas.

   - Tu… Tu as des projets pour les vacances ? finit-elle par céder.

   Michaël semble soulagé qu’elle brise la glace qui s’était formée, comme un mur invisible, entre eux.

   - Non. À part, éviter de finir en prison…

   Heureusement, Simon sort enfin de la salle de bains, saluant son colocataire et lui offrant une porte de secours bien à propos.

Quand Michaël réapparait frais et parfumé, Nina et Simon sont en pleine discussion dans le salon.

   - Je pense qu’il faut être malin et faire d’une pierre deux coups, déclare Simon. En prouvant que Royalty a piégé Michaël, on peut les démanteler et en même temps innocenter Michaël.

   - Malheureusement, on ne va pas pouvoir compter sur Amel pour nous aider.

   Alors que Michaël saisit une tasse de café et s’installe en tailleur sur le tapis en face d’eux, Simon lui raconte l’entrevue de Nina et de l’athlète. Bien qu’il en connaisse les moindres détails, Michaël fait semblant d’être surpris et dégoûté par les choix et le comportement de son ancienne élève.

   - Du coup, enchaine Nina. Il va falloir jouer la carte « professeur Tavernier ».

   - Qui est, comme par hasard, absent depuis trois semaines… ironise Simon.

   - Comme on le soupçonne de faire partie de Royalty, on va faire pression sur lui et le forcer à témoigner contre Gabriel.

   - Et à nous donner le nom des membres encore présents sur le campus, conclut Simon.

   - Comment est-ce qu’on va s’y prendre ? questionne Michaël.

   Nina et Simon se regardent, embêtés.

   - Encore une fois, on pense que ce serait mieux que tu ne t’impliques pas là-dedans. Avec tout ce dont on accuse déjà, ça pourrait te retomber dessus.

   - Et vous alors !? s’emporte Michaël. Vous allez risquer votre job pour moi ?

   - On ne le fait pas uniquement pour toi, explique Nina. Renverser Royalty serait une bonne chose pour tous les étudiants de l’Université.

   Michaël remercie ses amis avec sympathie.

   - Il y a un dernier détail dont on doit discuter, annonce Nina. À quel moment est-ce qu’on prévient l’inspecteur de Kalbermatten ?

   - Pas pour l’instant, répond Simon. Tout ce que nous avons au sujet de Tavernier sont des suppositions et la police ne ferait probablement rien si ce n’est tenter de nous empêcher de mener à bien notre entreprise. Alors on agit de notre côté, quitte à se faire taper sur les doigts après.

   - On a toujours fait comme ça, non ? ricane Nina.

   Les trois amis lèvent leur tasse au-dessus de la table et trinquent à leurs plans futurs.

 

*

 

   Depuis quelques jours, Nina et Simon croulent sous les demandes au bureau des plaintes de l’Université. Avec la saison des examens qui a débuté, les étudiants semblent trouver n’importe quelle excuse pour venir se plaindre de leur professeur, du contenu d’un cours, du déroulement d’une épreuve. La plupart des affaires sont anodines, heureusement, donc le frère et la sœur essaient de renvoyer les plaignants vers le service universitaire approprié pour ne pas être débordés.

   En plus, ce n’est pas comme s’ils pouvaient compter sur l’aide du professeur Tavernier, car celui-ci n’a pas pointé au bureau depuis des semaines. Nina lui a envoyé un courriel pour lui demander un entretien afin de le confronter aux soupçons qu’ils ont sur lui, mais le professeur leur a annoncé qu’il sera probablement absent jusqu’à la rentrée prochaine.

   Entre leur travail, leur enquête secrète et les examens, Simon et sa sœur n’ont même plus le temps de réviser et se voient obliger de rester au bureau jusqu’à tard dans la nuit pour trouver un moment de calme.

   Après une énième journée chargée et éreintante, il est vingt-et-une heure lorsque Simon revient avec deux cartons à pizza dans les bras. Nina termine de lire un article pour son examen de sociologie et rejoint son frangin dans la partie salon du bureau. Les parfums de four à bois et de basilic lui donnent l’eau à la bouche et elle réalise soudain qu’elle n’a pas mangé depuis le matin, qu’elle crève de faim.

   - Bon, comment fait-on pour Tavernier ? lance Simon, en saisissant une part de pâte triangulaire.

   - Oui, j’avais une idée.

   La bouche pleine, Nina prend le temps d’avaler avant de continuer :

   - Et si on jouait le tout pour le tout ?

   - Comment ça ?

   - On lui écrit un nouvel e-mail dans lequel on lui avoue être au courant de tout, de son implication dans Royalty, de l’enveloppe qu’il a laissée à Gabriel, du mot de passe. Et on lui propose de ne pas le dénoncer en échange des noms des Royals.

   - Tu crois qu’il peut tomber dans notre bluff ? s’interroge Simon, en léchant ses doigts pleins de sauce tomate.

   - En mentionnant quelques détails et en le menaçant de tout dévoiler à la police et à la Faculté, ça peut marcher.

   - Oui, pour autant qu’il soit réellement impliqué et qu’il craigne pour sa carrière. Sinon, il va croire qu’on est tarés et ce sera notre carrière à nous qui va prendre cher…

   - Est-ce que t’es prêt à tout lâcher ? questionne sa sœur.

   - J’ai fait la promesse à Michaël que je ne le laisserai pas tomber. Et qu’en est-il de toi ?

   - C’est un risque qui en vaut le coup.

   Nina referme la boite à pizza et se remet au travail à son bureau. Elle a un message à envoyer au professeur Tavernier.

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*

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   Simon et Nina avaient passé une soirée de plus au bureau des plaintes à rédiger le courriel qu’ils allaient adresser à leur employeur. Il avait fallu sélectionner les informations à révéler, trouver les bonnes formulations, choisir le ton correct pour que leur coup de bluff fonctionne. Ils avaient finalement opté pour une version froide mais polie, insistante sans être menaçante.

   Et la réponse du professeur était arrivée moins de vingt-quatre heures après. Enfin, il ne répondait pas réellement à leurs mots car le contenu du message se limitait à un lien vers un site internet.

   - C’est un blog sur les chats… soupire Simon, en parcourant la fenêtre internet affichée sous ses yeux.

   Debout derrière lui, Nina se penche en avant pour mieux voir. Le lien que Tavernier leur a envoyé les a conduits jusqu’à une page internet remplie de photos de chatons, enroulés dans des plaids, en boule dans des paniers, s’étirant au soleil et compagnie.

   - « Au pays des minous ». C’est quand même pas le blog de Tavernier ? s’étonne Simon.

   - Trop chou, commente la jeune fille, qui hésite entre éclater de rire et piquer la mouche.

   La situation est complètement ridicule ; pourquoi le professeur leur indiquerait-il le site internet d’un blog sur les chats ?

   - Je pense qu’on doit passer à côté de quelque chose… constate Simon.

   L’étudiant en informatique détaille le plan du site, décortique chaque onglet rose bonbon, analyse chaque article et image postés. Et au bout d’une heure de contemplation minutieuse de chatons, Simon s’exclame :

   - Ça y est ! Je crois que j’ai trouvé !

   Nina accourt à son poste de travail. Son frère lui fait la démonstration :

   - Il y a un onglet secret, dissimulé en bas d’une page. Et quand tu cliques dessus, tu arrives sur ce lien qui est protégé par un nom d’utilisateur et un mot de passe.

   Une page noire s’affiche maintenant à l’écran avec une boite aux contours dorés qui leur demande d’entrer leur identifiant. Aucun logo, aucune photo ne vient décorer ce fond uni.

   - Ça tombe bien, on en a un de mot de passe ! s’exclame Nina, en allant chercher son téléphone portable.

   - Et comme nom d’utilisateur, on met quoi ?

   - Royalty ? Royal ? Gabriel ?

   Pendant un quart d’heure, Simon essaie plusieurs combinaisons, avant de devoir se résigner :

   - Gabriel a dû modifier le mot de passe… Ça fait bientôt trois mois qu’on le lui a donné. Je pense qu’il n’a pas attendu longtemps avant de se loguer et d’effectuer le changement.

   - J’aurais fait pareil à sa place.

   Le frère et la sœur dépriment de ne pas avoir réussi leur coup. En donnant le mot de passe à Gabriel, Nina et Michaël ont perdu le seul avantage qui leur restait.

   - Mais avec tes talents, tu as vraiment besoin de ces codes pour accéder à la page ? renchérit la jeune femme. Tu ne peux pas faire… je sais pas… un truc. Avec ton clavier ?

   - Je suis étudiant en informatique, rétorque Simon. Pas hacker spécialiste !

   - Dommage…

   - Par contre, je connais quelqu’un qui pourrait peut-être craquer ce code.

   Le visage de sa sœur s’illumine, alors Simon attrape son téléphone.

   - Attends, tu es sûr qu’on peut faire confiance à cette personne ? s’inquiète la jeune fille.

   - Oui, je ne pense pas que ce soit un Royal. De toute manière, on n’a pas vraiment le choix.

   Le jeune homme décide de laisser un message vocal :

   - Salut Chris, si t’as un moment entre deux parties de jeux vidéo, passe au bureau des plaintes. J’ai un grand service à te demander. On y sera ce soir jusqu’à…

   Simon lève les sourcils en direction de Nina qui articule le mot « minuit » avec ses lèvres.

   - Minuit. Fais-moi signe quand t’arrives et je viendrai t’ouvrir. C’est important, mec. On a vraiment besoin de ton aide. A plus.

   À peine le message terminé, Nina se jette sur son frère :

   - C’est qui Chris ? Un pote d’études ?

   - Ouais, répond Simon distraitement. Il est en troisième année d’info.

   - Et comment tu le connais ?

   - C’est un des meilleurs étudiants de la section. Tout le monde le connait.

   Sa sœur tire une mine impressionnée et intriguée.

   - Mais pas tout le monde le connait au point d’avoir son numéro de téléphone et d’oser l’appeler à l’aide en plein milieu de la nuit, si ?

   Simon, qui jusque-là avait évité le regard de Nina, lève la tête pour essayer de déchiffrer le sous-entendu de sa frangine.

   - Je n’en sais rien, baragouine-t-il en guise de réponse.

   À ce moment-là, son téléphone vibre devant lui, annonçant l’arrivée d’un nouveau message.

   - Il est en route. Je vais l’attendre à l’entrée de l’Union.

   Nina acquiesce et observe du coin de l’œil son frère sortir de la pièce. Elle se réjouit de voir à quoi ressemble ce mystérieux Chris dont elle n’a jamais entendu parler. Même si les insinuations de Michaël concernant l’homosexualité de son frère continuent de lui trotter dans la tête, la jeune fille préfère attendre que l’agitation de cette fin de semestre redescende pour aborder le sujet avec Simon.

   Une dizaine de minutes plus tard, Nina entend un éclat de rire et Simon fait entrer Chris dans le bureau. La jeune fille s’avance pour lui serrer la main et constater qu’elle n’a en effet jamais vu ce charmant garçon qui se présente à elle. Chris lui lance un sourire étincelant qui fait ressortir sa peau mate et lisse.

   - Content de te rencontrer, déclare-t-il à Nina. Enfin… glisse-t-il à voix basse à l’intention de Simon.

   Les deux garçons s'installent côte à côte au bureau de Simon qui explique brièvement à son ami ce pourquoi il l'a fait vernir. Chris écoute attentivement tout en sortant son propre ordinateur de son sac. Malgré ses faibles connaissances en informatique, Nina remarque qu'il s'agit d'un modèle haut de gamme et dernier cri. La jeune fille essaie de suivre tant bien que mal le jargon échangé entre les deux spécialistes.

   Puis, enfin, Chris et Simon exultent et se félicitent en faisant claquer leur paume de main. Nina les rejoint et constate que l'écran de login a laissé place à une interface aux couleurs noires et dorées. Le nom "Royalty" orne le haut de la page en lettres courbées.

   - Qu'est-ce que c'est ? demande Chris.

   - Une longue histoire… raille Simon, qui fait naviguer sa souris aux quatre coins du site internet.

   - Regarde là, ordonne Nina. On dirait la liste officielle de tous les membres actifs.

   Une vingtaine de noms défilent à l’écran et le premier réflexe de la jeune fille est de vérifier qu’il n’y a aucun Chris dans cette liste. Aucun Chris, et aucun nom qui ne lui dise quelque chose.

   - Ah lui ! s’exclame Simon. Il est en cours avec moi ! L’enfoiré…

   - Et ça, c’est quoi ? questionne Nina, en pointant un lien sur la gauche.

   Simon clique dessus et une nuée de nouveaux noms apparaissent sous leurs yeux.

   - Sûrement les anciens membres de Royalty.

   La liste se déroule sans fin à l’écran, révélant des centaines d’identités, remontant parfois à plusieurs années en arrière, exposant des personnalités connues comme des professeurs universitaires, des politiciens influents, de riches chefs d’entreprise, d’éminents scientifiques. Le frère et la sœur n’en croient pas leurs yeux.

   - Là, il y a le professeur Tavernier, indique Simon.

   - Et lui, c’est un des doyens de l’Université, note Chris, en tapotant l’écran. C’est un truc de malade.

   - Voilà pourquoi Gabriel tenait tant à récupérer ce mot de passe, souligne Nina. Il donne accès à une mine d’informations concernant leur société secrète.

   - Oui, et j’imagine que seul le président en fonction détient cette clé, réplique son frère.

   - Qu’est-ce que vous allez faire de tout ça ? interroge Chris.

   Simon et Nina échangent un sourire satisfait :

   - Un très bon usage… répond Simon.

 

*

 

   Simon avait sauvegardé toutes les données du site de Royalty sur son ordinateur et sur un disque dur externe, et Chris avait usé de sa magie pour récupérer le nouveau mot de passe d’accès afin qu’ils puissent s’y connecter en tout temps. Avec ce sésame en leur possession et leurs découvertes, le frère et la sœur avaient contacté l’inspecteur Hippolyte de Kalbermatten le matin suivant. Ils avaient mentionné au téléphone que c’était urgent et qu’ils avaient des informations primordiales à lui communiquer, tout en restant vagues et en préférant lui en parler de vive voix. Le policier avait accepté de les rejoindre au bureau des plaintes en fin de matinée.

   Nina avait dû insister pour que Simon ne dévoile pas leurs avancées à son colocataire. Selon elle, il valait mieux ne pas lui donner de faux espoirs et attendre de voir ce que l’inspecteur allait pouvoir faire avec ce qu’ils avaient déniché. Son frère s’était laissé convaincre, un peu à contre-cœur.

   Malgré l’importance des informations récoltées, Nina appréhendait de savoir comment ils allaient pouvoir les utiliser en leur faveur. Elle avait passé la nuit à redouter que quelqu’un s’aperçoive de leur démarche et intervienne pour les empêcher de tout dévoiler à de Kalbermatten. Elle craignait que la police néglige ces preuves et qu’ils aient fait tout ça pour rien. Toutes sortes de scénarii, aux fins plus catastrophiques les unes que les autres, avaient émergé dans sa tête et l’avaient empêchée de dormir pleinement.

   Mais alors qu’Hippolyte de Kalbermatten passe la porte du bureau des plaintes, Nina sent que l’issue de tous ses soucis est proche. L’inspecteur n’a apparemment pas de temps à perdre car il se dirige droit sur la jeune femme et, sans s’attarder sur des salutations inutiles, lui demande d’aller droit au but.

   Simon prend alors les devants et commence à raconter toute l’histoire ; la relation entre Gabriel et la mère de Michaël, l’implication du professeur Tavernier, l’aveu d’Amel à Nina, jusqu’à la découverte du site internet de Royalty la veille au soir. Plusieurs fois, pendant son récit, Nina ajoute des précisions et de Kalbermatten pose des questions. Finalement, il exige d’une voix sèche :

   - Montrez-moi cette page internet.

   Il passe alors derrière le bureau de Simon et se tient les mains dans les poches, se balançant d’avant en arrière sur ses mocassins vernis. Les sourcils froncés, il donne deux trois ordres à Simon pour obtenir une vue complète de l’information. Nina retient sa respiration.

   - C’est fort, commente-t-il enfin.

   Un léger rictus passe au coin de ses lèvres.

   - Si cette liste s’avère être authentique…

   - Elle l’est ! coupe Nina.

   Mais la jeune fille se fait rabrouer par le regard froid du jeune inspecteur.

   - Si cette liste est authentique, cela peut créer un scandale auprès de l’Université. Surtout si les médias s’en mêlent…

   - Vous allez faire quelque chose ? s’inquiète Simon.

   De Kalbermatten marche sévèrement jusqu’au milieu de la pièce, réfléchissant aux différentes actions qui s’offrent à lui. Il sait qu’il va falloir être prudent. Cette découverte est une vraie bombe à retardement qu’il doit désactiver avec délicatesse et considération. Le moindre faux pas, et l’explosion pourrait engendrer un nombre infini de victimes. Et lui serait le premier touché. C’est aussi sa future carrière qui est en jeu dans cette histoire.

   - Je vais contacter la Faculté pour leur exposer le problème et discuter de la manière de procéder.

   Simon lui transmet l’adresse internet, le mot de passe et une copie des fichiers qu’il a lui-même extraits comme preuve. De Kalbermatten le remercie :

   - De votre côté… s’irrite-t-il.

   - Oui, on sait, soupire Simon. On ne fait rien et on vous fait confiance.

   - On est d’accord, confirme l’inspecteur.

   Une fois le policier sorti, Nina ne peut s’empêcher de laisser exploser le fond de sa pensée :

   - Je sens que la Faculté va écraser l’affaire pour éviter le scandale. Tout ce qu’on a fait n’aura servi à rien !

   Simon ne répond pas, mais son visage laisse entendre que ses craintes sont similaires à celles de sa sœur.

​

*

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   Michaël a retrouvé sa place derrière le comptoir du Croc’ et s’active à servir des boissons aux dizaines d’étudiants venus fêter la fin de l’année et les grandes vacances. Au-dessus des discussions légères et des voix guillerettes, les haut-parleurs déversent une compilation des plus grands tubes de l’été. La porte d’entrée reste ouverte pour faciliter les allées et venues et permettre de rafraichir les corps.

   Le lendemain, la plupart des étudiants auront vidé les résidences, les salles de classe et les bureaux seront désertés, tout le campus se mettra en hibernation jusqu’à la fin de la saison. Un peu de répit bien mérité après l’effervescence des semaines précédentes. En effet, l’Université doit prendre le temps de se relever du plus gros scandale subi ces dernières années.

   Suite à l’intervention de Kalbermatten auprès de la Faculté, cette dernière avait ouvert une enquête interne et la société secrète d’étudiants Royalty avait été démantelée. Tous ses membres actifs avaient été renvoyés sur-le-champ. Alors qu’ils avaient cru au début pouvoir régler cette affaire discrètement, certaines informations avaient fuité dans les médias grâce à un informateur anonyme. Plusieurs noms étaient ressortis et sous la pression, trois professeurs et un doyen s’étaient résignés à démissionner de l’Université. La Faculté avait dû rendre des comptes sur des décennies de pratiques élitistes et misogynes.

   Avec la fin de Royalty, Amel avait compris qu’elle ne toucherait jamais l’argent que Gabriel lui avait promis. Le bureau des plaintes avait gagné la guerre et elle devait se résigner à la défaite. La jeune femme avait retiré sa plainte contre Michaël et s’était excusée auprès de lui. Mais le mal était fait et Michaël ne lui pardonnerait pas de sitôt d’avoir voulu détruire sa vie.

   Le jeune homme pensait son parcours universitaire terminé et se préparait à devoir trouver une alternative pour l’année suivante. Cependant, grâce à ces circonstances atténuantes et à son implication auprès du bureau des plaintes, la Faculté lui avait accordé le droit de se présenter aux examens qui restaient et à repasser ceux qu’il avait manqués. Michaël s’était alors pointé aux épreuves finales sans trop grande conviction au vu de sa longue absence et du retard accumulé. Mais contre toute attente, il avait obtenu la moyenne lui permettant de passer son année.

   Comme d’habitude, Simon avait, quant à lui, réussi ses examens haut la main, et Nina s’en était sortie avec tout juste le nombre de points requis pour passer en deuxième année.

   C’est pourquoi ils se retrouvent au Croc’ ce jeudi soir : pour fêter leur succès.

   Nina se perche sur la pointe des pieds pour tenter de repérer son frère dans la foule du pub-lounge. Celui-ci est accoudé tout au bout du bar et discute avec Michaël. Elle les rejoint juste au moment où la place à côté de Simon se libère.

   - Quelle ambiance ! s’exclame-t-elle. On dirait que toute l’Université s’est réunie ici ce soir.

   Elle commande un mojito glacé et tous trois trinquent à leur réussite.

   - Nina, je voulais te remercier, commence Simon. Si tu n’avais pas prévenu la presse, peut-être qu’on attendrait encore que la Faculté prenne ses responsabilités.

   - Quoi ? s’étonne Nina. Non, c’est pas moi l’informateur anonyme. En y réfléchissant, je pense que ça ne peut être que Chris. C’était la seule personne en dehors de nous deux et de l’inspecteur à connaitre l’existence de la liste.

   Confondu, Simon fait tourner sa chope entre ses mains.

   - Non, j’ai une totale confiance en Chris. Il n’a pas cafté.

   - Euh… intervient Michaël. En fait, c’est possible que ce soit moi qui aie contacté les médias.

   Nina se tourne interloquée vers le jeune homme, puis vers son frère :

   - On avait promis qu’on ne lui dirait rien !

   - Mais j’ai rien dit ! s’écrie Simon pour se défendre.

   - Ah oui… glisse Michaël. C’est aussi possible que je vous aie suivi… et espionné… et un peu fouillé dans vos affaires.

   En voyant la mine coupable et gênée de son colocataire, Simon éclate de rire, ce qui a pour effet de détendre le visage rouge et contracté de Nina.

   - Et dire que c’est moi qui me suis fait engueuler par de Kalbermatten quand il a vu les news ! s’énerve la jeune fille. Je lui dirai la prochaine fois que je le vois. Juste pour que les choses soient claires.

   Michaël s’absente pour aller nettoyer une table qui vient de se libérer au fond du Croc’.

   - Comme on est dans les révélations, commence Nina. Il y a quelque chose que je voulais te demander depuis un moment. C’est un peu délicat… Je ne sais pas trop comment aborder le sujet…

   Simon observe sa sœur d’un œil amusé, puis décide d’intervenir pour la soulager de son malaise :

   - Déstresse, sister. Michaël m’a raconté votre petite discussion à mon sujet. Je me demandais d’ailleurs quand tu allais venir m’en toucher deux mots.

   - Ah… sourit Nina, embarrassée. Alors, c’est vrai ?

   - Oui, je suis gay.

   - Mais pourquoi tu ne m’en as jamais parlé ?

   - Je ne sais pas ! s’étonne Simon. Je ne voulais pas te le cacher non plus. On est proches tous les deux, mais c’est juste qu’on n’aborde pas trop ce genre de sujets.

   - Est-ce que papa et maman sont au courant ?

   - Non. Et si tu pouvais garder ça pour toi le temps que… je trouve l’occasion.

   - Bien sûr, Simon, le rassure-t-elle, tout en le prenant dans ses bras. Et alors, tu es en couple en ce moment ?

   - Pas vraiment… Mais on a prévu de se revoir avec Chris.

   Nina est touchée de voir les joues de son frère rougir à la pensée du mystérieux hacker.

   - Et toi ? enchaine Simon par curiosité. Quand est-ce que tu vas avouer que t’as craqué sur Mic ?

   La jeune fille sursaute et regarde derrière elle pour s’assurer que le barman ne se trouve pas à proximité. Heureusement, il est occupé près de l’entrée.

   - C’est compliqué… soupire-t-elle. Et je ne pense pas que je l’intéresse de toute manière.

   Michaël réapparait devant eux pour glisser des verres sales dans le bac à laver sous le comptoir.

   - Vous avez des projets pour les vacances ? interroge-t-il.

   - Je vais rentrer chez nos parents, me reposer, annonce Nina, trop contente de pouvoir changer de sujet. Et peut-être qu’en août on partira à la plage. Et toi ?

   - Pour moi, ce ne sera pas vraiment de tout repos. J’ai trouvé un petit boulot comme plongeur dans un resto au centre-ville. Donc je vais rester par là.

   - Et selon vous, qu’est-ce qui va se passer à la rentrée pour le bureau des plaintes ? s’inquiète Simon.

   - Avec la démission du professeur Tavernier, la Faculté va soit fermer ce service, soit lui trouver un remplaçant, suggère son colocataire.

   - J’espère qu’ils nous préviendront assez rapidement pour qu’on sache à quoi s’attendre, râle Nina.

   - Vu ce qui s’est passé cette année, rétorque Simon. Je crois qu’on est loin de savoir à quoi nous attendre…

   - À l’inconnu ! propose de toaster Michaël.

   - À l’inconnu ! répètent Nina et Simon.

   Les trois amis lèvent leur verre une seconde fois dans les airs, trop pris par leur satisfaction momentanée pour remarquer l’objectif d’un téléphone portable pointé dans leur dos.

   Dissimulée derrière un sac à main posé sur la table, la propriétaire de l’appareil enclenche le mode rafale et une série de clichés où l’on voit les trois comparses porter leur boisson à leurs lèvres s’affichent sur l’écran. La femme esquisse un bref sourire de contentement, puis réajuste ses grosses lunettes noires sur son nez et rejette sa chevelure blonde, lisse et brillante derrière ses épaules. Les contours d’un tatouage surgissent une fraction de seconde dans son cou.

   Sans quitter Nina, Simon et Michaël des yeux, elle déguste une coupe de champagne. Dans le Croc’, les Rolling Stones succèdent à Rihanna, clamant haut et fort : « I can’t get no satisfaction ».

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