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Saison 1 - Episode 5

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#BalanceTonProf

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   - On a fait deux nuits blanches de suite, je tenais plus debout ! Bon, aussi à cause de l’alcool. Mais t’aurais dû voir ça… À la fin, je savais même plus si on était le soir ou le matin.

   Nina est attablée au bureau des plaintes de l’Université et regrette platement avoir demandé à Michaël comment s’était passé son réveillon du Nouvel An. Cela fait dix minutes que son collègue lui raconte sa beuverie avec ses potes dans un party bus qui a fait le tour des bars et boites de nuit de la ville. Il ne passe sous silence aucun détail sordide de fêtard et clame tout haut ses exploits de picoleur sans gêne ni remords.

   - Et toi ? T’as bien fêté ? finit-il par rétorquer.

   - Hein ?

   - Je rêve ou t’as rien écouté de ce que je viens de raconter ?

   - J’avoue que j’ai un peu lâché après la dix-septième tournée de tequilas… raille la jeune fille.

   - Celle d’avant ou d’après minuit ?

   Nina lui lance un regard noir.

   - Je plaisante ! Et toi, t’as fait quoi le 31 au soir ?

   Suite aux événements d’avant Noël, Simon et Nina avaient finalement pu rejoindre leurs parents le 26 décembre et étaient restés une semaine dans leur chalet du Mont Rouge. Ils étaient ensuite redescendus à l’Université pour s’immerger dans leurs révisions d’examens.

   - Tu sais, dans ce bled montagnard, il n’y a pas de DJ, de party bus ou de barathon. Même le soir du réveillon… Alors j’ai passé la nuit chez une amie d’enfance qui s’avère aussi être une voisine. On s’est fait une soirée entre filles, plutôt tranquille.

   - Et Simon m’a dit qu’il était resté à la maison pour préparer ses examens…

   - Oui, il a travaillé comme un malade depuis Noël. Il s’enferme dans sa chambre toute la journée et probablement toute la nuit. Il ne mange presque plus, ne parle à personne. Ça m’inquiète un peu…

   - C’est temporaire, rassure Michaël. Je crois qu’il a des exams jusqu’au 28 janvier et ensuite, il aura quelques jours de repos avant la reprise des cours.

   - Oui, tu as raison… murmure Nina.

   Les pensées de la jeune fille s’évadent par la fenêtre à travers laquelle on aperçoit le ciel blanc laiteux. Elle ne peut s’empêcher de se faire du souci pour son grand frère.

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*

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   Une lumière froide et morne se répand dans la chambre de Simon qui décide de tendre le bras pour allumer la lampe de chevet à côté de son bureau. Un faisceau jaune vif vient réveiller la pièce et ranimer son attention.

   Il regarde l’heure au bas de l’écran de son ordinateur : seize heures quatre. Simon jure tout haut et replie son portable sur lui-même. Cela fait depuis le lever du jour qu’il est absorbé par son travail et a complètement oublié la notion du temps. Le jeune homme fourre ses affaires à la va-vite dans un sac et attrape sa veste. Il aurait dû commencer sa permanence au bureau des plaintes il y a plus d’une heure, et ne comprend pas pourquoi Nina et Michaël n’ont pas essayé de le joindre.

   C’est ce foutu examen de programmation informatique qui lui prend la tête depuis trois jours. Simon a beau relire les chapitres du livre de cours, ses notes, celles de son professeur et de ses camarades, il bloque sur une centaine de lignes de code.

   Le jeune homme rabat la capuche de son pull sur sa tête en sortant de son immeuble, car une bruine vient lui percuter le visage. Depuis le retour des fêtes, l’air s’est un peu réchauffé et la pluie a remplacé les flocons créant un magma de boue blanche. Ses baskets collent au sol dans un bruit de succion et laissent des sillons de traces terreuses à travers le campus.

   Les alentours sont désertés par les étudiants en ce début janvier. La session d’examens qui débute dans trois jours et qui dure jusqu’à la fin du mois fait replier tout le monde chez soi. L’Université tourne au ralenti : les élèves se cloîtrent dans leur chambre ou à la bibliothèque pour se donner bonne conscience. Et le bureau des plaintes s’est mis dans le rythme. Jusqu’à la reprise des cours, il n’offre qu’une permanence réduite les mardis et jeudis de quinze heures à dix-sept heures.

   C’est un Simon ébouriffé et aux pieds détrempés qui déboule en trombe dans la pièce peu après seize heures vingt. Nina trie les rapports du premier semestre universitaire dans des dossiers à l’intention du professeur Tavernier et Michaël rêvasse sur le canapé, qu’il utilise plus souvent que le bureau qu’on lui a attribué à gauche de l’entrée.

   - Désolé du retard, s’essouffle le nouveau venu, en tapant ses chaussures sur le pas de la porte. J’ai pas vu passer le temps. Pourquoi vous ne m’avez pas appelé ?

   - On a bien pensé que tu devais être débordé, rassure Nina, en débarrassant son frère de sa veste mouillée qu’elle accroche au porte-manteau. Et comme on ne croule pas non plus sous le travail, j’ai proposé à Michaël de prendre ta permanence.

   - T’as pas eu notre message comme quoi tu pouvais rester à la maison ? interroge Michaël.

   Simon s’écroule sur le fauteuil à gauche de son colocataire et soupire :

   - Non, j’ai pas regardé mon téléphone de toute la journée…

   Un silence mêlé de compassion et de préoccupation traverse la pièce.

   - Bon, bah maintenant que je suis là… continue le jeune homme. Je vais attendre que mes chaussettes sèchent et travailler un moment à mon bureau avant de rentrer.

   - Oui, oui, et n’hésite pas à nous dire si on peut faire quelque chose pour toi, ajoute sa petite sœur.

   Nina, qui devait avoir congé, se remet alors au travail pendant que ses deux collègues masculins censés assurer la permanence retournent respectivement à leur rêverie et à leur bûchage.

   Tous pensent la journée terminée lorsqu’un jeune homme aux cheveux gras réunis en queue de cheval sur sa nuque passe la porte du bureau.

   - Excusez-moi de vous déranger, chuchote-t-il en les voyant tous occupés. Je suis bien au bureau des plaintes de l’Université ?

   Michaël décide de prendre les choses en mains et s’avance pour l’accueillir :

   - Oui, oui. T’es au bon endroit. Viens, assieds-toi ici.

   Le nouveau venu s’installe en face du bureau de Michaël et lui explique ce qui l’amène :

   - Je ne sais pas si vous pouvez m’aider, mais voilà : je pense qu’un de mes profs est sexiste et j’ai peur que ses notes d’examens soient biaisées.

   - Ah, t’es pas le premier à venir porter plainte contre un prof, rassure Michaël. Mais ce serait mieux que la fille qui se sent discriminée passe elle-même discuter avec nous.

   - Euh… c’est-à-dire que… la victime, c’est moi.

   Nina, qui écoute discrètement l’entretien, lève la tête de surprise pour détailler l’inconnu. Plutôt petit, il porte une veste en cuir usé sur un jeans trop large retenu à la taille par une ceinture en tissu. Il n’arrête pas de rajuster ses grosses lunettes qui lui tombent sur le bout du nez. Michaël se râcle la gorge :

   - D’accord. Pourrais-tu être un peu plus précis ?

   - En fait, j’ai commencé à me poser des questions au milieu du semestre. Mon prof de littérature moderne, M. Stephan, a l’air d’être beaucoup plus sympathique et clément avec les filles. Par exemple, il n’interroge presque jamais les garçons qui souhaitent intervenir pendant le cours, il ne nous propose pas non plus d’entretiens privés pour répondre à nos questions, il ne fait aucun commentaire positif après nos présentations. Il a même une ou deux fois laissé sous-entendre que les garçons n’avaient pas la sensibilité requise pour faire des études de Lettres, et que nous étions une perte de temps.

   Nina refoule un petit ricanement qui n’échappe pas à son collègue. Il faut dire qu’à l’Université les étudiants en littérature sont perçus comme des poètes ratés en mal de mélancolie, des futurs chômeurs dont les idéaux ne paient pas le loyer, des gauchistes rêveurs aux relents de marijuana. Bref, que les études littéraires sont considérées de tous comme une perte de temps.

   - C’est une plainte que nous n’allons pas prendre à la légère, affirme Michaël bien haut, à l’attention de Nina. Tu penses que tes camarades masculins seraient prêts à porter plainte, eux aussi ?

   - À vrai dire, on n’est que deux.

   Cette fois, Nina ne peut se retenir et tente de dissimuler son rire dans un mouchoir en papier. Simon lui balance un gant en laine noir derrière la nuque pour la calmer. Mais Michaël continue sans se départir du sérieux de son rôle :

   - Parfait. Ça ne pose aucun problème. On va commencer par prendre tes coordonnées complètes et remplir un formulaire.

   Quelques minutes plus tard, Sylvain, l’étudiant en Lettres, remercie Michaël pour son aide et son écoute et promet de repasser la semaine suivante. À peine la porte se referme-t-elle que Nina explose :

   - C’est une blague ?!

   - Non, coupe Michaël. Il a dit que ça s’appelait de la misondrie.

   - Je crois qu’on dit « misandrie », corrige Simon.

   - Ouais, ça vient du mouvement hoministe, précise Nina. On a vu ça en cours. Mais c’est un peu tiré par les cheveux son histoire ! Juste parce que monsieur n’a pas assez d’attention en classe, il parle de sexisme ?! Et alors, qu’en est-il pour nous, les filles, inégalité salariale, plafond de verre, harcèlement, et j’en passe ? Personnellement, je trouve sa plainte vraiment gonflée.

   - Moi je pense que le sexisme envers les hommes doit être tout autant considéré, contredit Michaël. Sylvain m’a paru très sincère et touché, donc nous nous devons de l’aider.

   Simon se tortille sur sa chaise.

   - Si ça ne vous dérange pas, je préférerais vous laisser cette enquête. J’ai tellement de travail et la tête prise par mes examens que je crains ne pas être très efficace. Vous pouvez gérer ça les deux ?

   Sa sœur lui lance un regard désespéré et pousse un soupir. L’idée de collaborer en tête à tête avec Michaël ne l’enchante pas plus que ça. Les deux collègues sont rarement sur la même longueur d’ondes et ne manquent pas une occasion de se prendre le bec. Heureusement, Simon est généralement là pour faire le tampon entre les deux forts caractères.

   De son côté, Michaël ne saute pas de joie non plus devant les manières trop procédurières de la jeune fille à qui il trouve une attitude un peu coincée.

   - Vous m’avez dit de demander si vous pouviez faire quelque chose pour moi…

   - Bien sûr, Simon. Tu peux compter sur nous, confirme Michaël. Ta sœur et moi allons tout mettre en œuvre pour régler cette malheureuse affaire de misandrisme.

   - Misandrie, reprennent Nina et Simon d’une même voix.

   - Tu n’as pas d’examens, toi ? interroge Nina d’une voix détachée.

   - Étant donné que je redouble mon année, j’ai pas besoin de tout refaire. J’ai une épreuve la semaine prochaine et un dernier test la suivante. C’est une session assez tranquille en fait.

   Michaël se penche en arrière sur sa chaise et s’étire pour souligner son attitude décontractée face à ses études.

   - Sauf que t’as pas le droit à l’erreur, avertit la jeune fille. Si tu te plantes à nouveau, t’es viré de l’Université.

   - C’est gentil de t’inquiéter pour moi, sourit le garçon. Mais ça va aller.

   - Je ne m’en fais pas pour toi, rétorque Nina. Mais ça m’ennuierait de devoir former quelqu’un de nouveau pour le bureau… Quoique, on y gagnerait peut-être au change !

   - Fais attention à ce que tu dis, prévient Simon. Il serait capable de démissionner juste pour t’embêter.

   - Ne me tente pas ! rigole Michaël.

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*

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   Nina et Michaël se sont donné rendez-vous au Croc’ vendredi soir pour discuter du plan d’action à mettre en place pour leur enquête conjointe. Le pub-lounge est pour une fois assez désert en cette période studieuse. Quelques étudiants travaillent à une table, un ou deux couples papotent au bar et la voix langoureuse de Kurt Cobain gémit dans les hauts parleurs.

   Michaël fait un signe de tête à Nina lorsque la jeune femme passe la porte d’entrée. Il a réservé la table du fond, à côté du flipper, pour plus de discrétion.

   - Salut, lance-t-elle, avant de prendre place en face de lui.

   - Hey ! répond-il en léchant le bout de ses doigts. J’ai commandé des nachos, sers-toi si tu veux.

   - Merci, c’est gentil. J’ai justement pas encore mangé aujourd’hui, alors avec plaisir.

   Pendant que Nina s’installe et sort un bloc-notes, Michaël passe derrière le bar et revient avec deux pintes de bière blonde.

   - De quoi caler ta faim, plaisante le jeune homme.

   Nina lève la chope dans la direction de Michaël et avale une grosse gorgée pour faire descendre les nachos cheddar-sauce tomate :

   - Bon alors, j’ai rédigé une liste de choses à faire dans le désordre : déclarer la plainte au professeur Tavernier, prendre contact avec le camarade masculin de Sylvain, vérifier si une autre plainte n’a pas déjà été émise contre le professeur Stephan. Il faudrait aussi qu’on puisse avoir accès aux évaluations des cours faites par les étudiants pour voir si un élément ne viendrait pas corroborer les propos du plaintif.

   Michaël hoche la tête à chaque phrase de Nina :

   - On pourrait aussi questionner les camarades féminines, peut-être que l’une d’entre elles a remarqué une forme de sexisme et pourrait témoigner en notre faveur.

   - Bonne idée, je note. Il faut aussi qu’on établisse une liste de faits précis, datés et objectifs avec Sylvain pour notre dossier.

   Les deux collègues sont interrompus par une étudiante de première année qui se glisse derrière Michaël et dépose ses mains sur ses yeux :

   - Devine qui c’est ?

   Nina se fait un plaisir d’ignorer l’ingénue, alors que Michaël se retourne et feint la surprise :

   - Samantha ! Qu’est-ce que tu fais là ?

   - J’espérais te trouver ici. J’ai fini de réviser pour aujourd’hui et je me disais qu’on pourrait peut-être trainer ensemble. Chez toi ou chez moi…

   Michaël hoquète de façon gênée :

   - C’est qu’en fait… Je suis un peu occupé là tout de suite.

   L’inconnue semble seulement remarquer la présence de Nina à l’autre bout de la table, qu’elle dévisage de la tête aux pieds. Nina finit sa bière cul sec pour se donner de la contenance.

   - Je ne pensais pas que tu me remplacerais si vite.

   Nina faillit recracher sa mousse :

   - Non, t’inquiète pas pour ça. Je suis juste sa collègue. On est en train de travailler.

   - Travailler ? Un vendredi soir au Croc’ entre un plat de nachos et des bières ? Moi, ça m’a plutôt l’air d’un rencart.

   Devant l’agacement de Nina qui devient de plus en plus palpable, Michaël décide d’intervenir :

   - Écoute Sam, je t’appelle ce soir quand je rentre.

   - Ah oui vraiment ? rétorque l’étudiante.

   - J’te le promets.

   - Ça va être difficile de tenir ta promesse sachant que tu n’as même pas pris mon numéro, ni hier soir, ni ce matin.

   C’est le moment où Nina prend l’initiative d’aller faire le plein d’alcool au bar. Depuis le comptoir, elle aperçoit Michaël qui essaie de calmer Samantha et de se faire pardonner, jusqu’à ce que celle-ci le repousse et parte fâchée en faisant claquer les talons de ses bottes sur le lino. Toute penaude, Nina se rassoit et pousse une pinte en direction de son collègue qui se masse les paupières avec les doigts.

   - De quoi noyer ton désespoir, souffle-t-elle.

   Michaël esquisse un sourire :

   - Elle en valait pas la peine de toute façon.

   Ils trinquent à ça et se remettent au boulot.

   - Bon alors par où tu veux qu’on commence ? Je suis prêt à suivre tes ordres et à t’assister dans toutes les étapes de cette enquête, si cela peut te rassurer.

   - En fait j’ai pensé qu’on pourrait se séparer le travail. On avancerait plus rapidement à mon avis.

   Michaël fronce les sourcils.

   - On ferait des points de situation quotidiennement ou tous les deux jours, ajoute-t-elle.

   - Écoute Nina, la coupe-t-il. Je sais que t’es pas franchement emballée à l’idée qu’on collabore tous les deux sans Simon sur cette affaire. Mais j’ai vraiment envie de faire un effort pour te prouver que tu peux compter sur moi. Laisse-moi te montrer qu’on peut très bien travailler ensemble, toi et moi.

   La jeune fille dévisage son collègue, qui la regarde d’un air suppliant.

   Elle se demande à quel point il est sincère, si elle peut lui faire confiance, ou s’il aura déjà oublié cette bonne résolution le lendemain. Est-ce qu’il agit comme ça juste parce qu’il vient de se prendre une claque au niveau sentimental et qu’il doit se reconstruire une prestance ou est-ce une partie de Michaël que Nina ne connait pas encore ? La jeune fille aurait envie de lui donner sa chance, mais elle a peur d’être déçue.

   Le jeune homme se repousse en arrière dans son fauteuil. Avec ses éternels pantalons de jogging noirs, ses t-shirts détendus et délavés et ses cheveux blonds en bataille qui retombent en une mèche volage sur son front, il cultive réellement une allure d’adolescent rebelle. Ce style n’est a priori pas du tout celui de Nina en matière de garçons, mais à force de le côtoyer, elle lui trouverait presque un côté imprévisiblement attirant.

   La flamme de la bougie qui les sépare projette des ombres incandescentes sur le visage des deux jeunes gens. Et leur silence les enveloppe dans un cocon d’intimité qui leur fait oublier les va-et-vient alentour. Ils s’observent sans rien dire pendant de longues secondes. Peut-être est-ce l’influence de l’alcool dans son estomac presque vide, mais Nina se met à penser qu’elle pourrait le trouver séduisant. À cet instant, dans ces conditions, il ne la laisse pas indifférente. Elle ne doit d’ailleurs pas être la seule, au vu du nombre de prétendantes qu’elle a vu défiler dans la vie de Michaël depuis quatre mois. La jeune fille décide vouloir en savoir un peu plus sur ce garçon qui commence à l’intriguer.

   - Alors ?

   - C’est d’accord, répond-elle. On va bosser ensemble.

   - Super ! On commence lundi ?

   Il finit sa bière, attrape le dernier nacho qui traine au milieu de l’assiette depuis dix minutes et va payer la note au comptoir. Nina le précède pour sortir du bar et s’arrête devant la porte. Elle se sent bête d’espérer secrètement que Michaël la raccompagne jusqu’à la résidence Elsa Cameron. Alors quand il lui pose la question, elle préfère répondre qu’elle retrouvera le chemin toute seule.

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*

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   Avant de partir pour le campus, Michaël frappe trois coups à la porte de la chambre de Simon. Comme il n’entend pas de réponse, il hésite, fait volte-face, puis se décide finalement à jeter un œil pour vérifier que son colocataire n’est pas mort d’une surchauffe de cerveau.

   - Simon ?

   L’interpelé est tellement pris dans ses réflexions qu’il ne l’a pas entendu entrer. Michaël toussote et fait sursauter son coloc’.

   - Désolé de t’avoir fait peur. Je vais au bureau travailler avec ta sœur, t’as besoin de quelque chose ?

   - Ah… Non, non. Merci, bafouille le jeune homme, avant de rediriger son attention vers un épais classeur de feuilles.

   À voir son ami travailler de cette manière, Michaël en aurait presque des remords. Mais tout ce qui peut le distraire des révisions est une bonne excuse et c’est donc avec le sourire qu’il rejoint le bureau des plaintes de l’Université.

   Nina est arrivée quelques secondes avant lui et il remarque tout de suite quelque chose de changé chez la demoiselle :

   - T’as une nouvelle coupe de cheveux ?

   - Euh… non, rougit-elle. Mais je les ai un peu lissés ce matin. C’est peut-être ça.

   - Peut-être…

   Cet après-midi, les deux collègues ont prévu de faire le point sur leurs avancées. Ils ont bien travaillé la veille, en interviewant Sylvain et son camarade, et en fouillant les archives à la recherche d’anciennes plaintes.

   - Stephan a été engagé il y a deux ans seulement. Il n’y a rien à son sujet dans nos dossiers, mais peut-être que les commentaires des évaluations des étudiants sur leur professeur nous en apprendront plus.

   - Tavernier a dit qu’il allait contacter la Faculté pour qu’elle nous les transfère. Il rentre de ses vacances aux Bahamas dans trois semaines. Malgré le décalage horaire, cela devrait arriver ces prochaines heures.

   Et en effet, quelques minutes plus tard, Nina relève un courrier électronique de la Faculté. Cependant, il ne semble pas contenir les documents demandés :

   - « La Faculté a pris connaissance ce matin de votre demande de consultation des évaluations du professeur Stephan dans le cadre du dépôt de plainte, bla bla bla », commence à lire Michaël. « Toutefois, en vertu de la loi… »

   Michaël continue à lire dans sa tête et Nina doit venir se placer derrière lui pour suivre la lecture.

   - Ils nous coupent l’herbe sous le pied, conclut-elle.

   - On doit abandonner l’enquête ?! Mais Sylvain… On lui a dit qu’il pouvait compter sur nous. On peut pas le laisser tomber comme ça !

   - On n’a pas vraiment le choix…, soupire Nina. Il comprendra que ce n’est pas de notre plein gré.

   - La Faculté intervient encore une fois pour étouffer un scandale qui mettrait l’Université à la une des journaux locaux et l’enverrait dans de beaux draps. C’est insupportable ! À quoi est-ce qu’on sert alors ?

   - Je sais, c’est frustrant. Mais tu veux qu’on y fasse quoi ?

   Nina retourne à son bureau et commence à rédiger un nouveau message à l’attention du professeur Tavernier pour le mettre au courant des nouvelles.

   - On n’a qu’à continuer de notre côté, sans rien dire à personne.

   - Mais sans les évaluations de l’Université, on n’a rien ! Le dossier est vide ! C’est la parole de deux étudiants en Lettres contre celle de leur prof.

   Frustré devant cette impuissance, Michaël passe la porte-fenêtre et va se changer les idées dans la cour intérieure. Il tourne en rond dans la galerie pendant quelques minutes, cachant ses mains nues dans ses poches pour éviter les brûlures du froid de janvier. Puis, comme il ne se sent pas encore prêt à retourner au bureau, il décide d’aller faire un tour dans la galerie des portraits.

   Cette salle, tout en longueur, affiche sur ses murs est et ouest, du sol au plafond, les portraits des différentes personnalités ayant brillé à l’Université depuis sa création. L’endroit est vide cet après-midi-là, et la faible lumière pénétrant par les lucarnes haut placées le rend sinistre. Michaël remonte la rangée de chaises qui mène à une estrade.

   La galerie des portraits est surtout utilisée pour de petits événements officiels comme les réunions semestrielles de la Faculté, l’accueil des premières années en septembre ou le concert annuel du chœur universitaire. Sur son chemin, le jeune homme contemple les plus anciens tableaux réalisés à la peinture à huile dans des tons sombres, qui contrastent avec les couleurs vives des portraits plus récents accrochés au-dessus. Contre le mur du fond, derrière le podium, deux portraits en pied de John et Elsa Cameron dominent la salle.

   Ces témoins du passé glorieux de l’Université semblent régner sur les lieux et la rumeur dit que celui qui viendrait profaner la galerie par des mots injurieux serait frappé d’une malédiction l’envoyant dans les tréfonds de la mort avant ses vieux jours. Michaël n’a jamais eu l’audace de vérifier ce bruit de couloir, mais il aurait presque envie de tenter l’expérience aujourd’hui. Heureusement, sa frustration et sa colère sont un peu retombées. Et même s’il en veut à la Faculté de protéger ses professeurs, il est avant tout agacé à l’idée que Stephan soit coupable de ce que Sylvain l’accuse et qu’il n’en soit pas inquiété.

   Le jeune homme monte sur l’estrade et se retourne face à la salle, sentant tout à coup le poids de ces dizaines de paires d’yeux. Du haut de leur ancienneté, gonflés de leur expérience, soutenus par le respect de cette distinction, ces pères et mères de l’Université veillent et surveillent les étudiants et leurs professeurs.

   - Que penseraient-ils de Stephan s’ils savaient ce que je savais ? souffle Michaël. Malheureusement, les anciens ne sont plus là pour le juger… Et si la Faculté veut étouffer l’affaire, ils ne restent plus que nous, la masse d’étudiants…

   Le jeune homme attrape au vol l’idée qui lui passe par la tête et s’élance en courant vers la sortie.

   - Ce qui est sûr c’est que tant que je serai là, ce connard ne verra jamais sa propre tête sur ce mur !

   Il se fige, la main sur la poignée. Un frisson lui parcourt l’échine. Il se retourne et s’adressant aux tableaux :

   - Oups… Pardon ! Je retire ce que je viens de dire ! Pitié…

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*

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   De retour au bureau des plaintes, Michaël prévient tout de suite sa collègue :

   - Il est possible que je meure mystérieusement dans les jours ou les semaines qui suivent. Si c’est le cas, préviens tout le monde que la malédiction de la galerie des portraits est belle et bien réelle. Dis aussi à Simon que je lui lègue mes pantoufles licornes.

   - Quoi ? s’étonne Nina. Je comprends rien de…

   - Laisse tomber. J’ai eu une illumination pour l’affaire Sylvain contre Stephan.

   Mais sa collègue l’arrête d’un geste de la main en l’air :

   - Attends, c’est inutile. Tavernier a été contacté par la Faculté et il nous a écrit dans la foulée. Il insiste sur le fait qu’on doive oublier cette enquête. Après l’épisode de Royalty où on n’a pas vraiment suivi les ordres, il ne veut plus aucun faux pas et va même jusqu’à menacer de nous virer si on sort encore une fois du cadre.

   - Mais non ! Il a le droit de faire ça ?!

   - Bien sûr. Concrètement, il a tous les droits.

   Michaël s’effondre dans un fauteuil du coin salon et s’écrase le coussin en velours bleu sur le crâne. Il marmonne quelques mots que Nina n’arrive pas à percevoir.

   - Mais oui c’est ça ! s’exclame-t-il soudain. Appelle Sylvain et dis-lui de passer au plus vite. Je ne vais pas encore tout de suite lâcher l’affaire.

​

*

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   Moins de trente minutes plus tard, Nina dépose une tasse de chocolat chaud devant l’étudiant à la queue de cheval. Michaël est en train de lui expliquer les dernières nouvelles concernant l’enquête et Sylvain n’a pas l’air rassuré.

   - Si le Bureau a officiellement les mains liées, Nina et moi sommes toujours de ton côté, enchaine le garçon, en se tournant vers sa collègue qui met quelques secondes avant de hocher la tête. Mais il est important que notre prochaine action paraisse venir de toi. Sinon, on se fait virer. Et on veut pas se faire virer.

   Sylvain sirote sa boisson fumante tout en écoutant attentivement son interlocuteur.

   - On va ébruiter l’accusation sur les réseaux sociaux. Hashtag « BalanceTonProf ».

   - Sérieux ? s’exclame Sylvain.

   - Sérieux ? s’exclame Nina.

   - Mais oui ! Ça va faire le tour du campus en moins de deux, les gens vont réagir, se manifester… Et la Faculté sera bien obligée de nous écouter.

   L’étudiant semble attendre la réaction de Nina pour savoir s’il doit se réjouir de cette idée ou la considérer comme complètement absurde.

   - Ça pourrait marcher… finit par concéder la jeune fille.

   - Yes ! Qu’est-ce que t’en penses, Sylvain ?

   - Si c’est ce que vous me conseillez tous les deux… Je vais suivre votre avis. C’est vous les pros après tout.

   - Oui, enfin… commence Nina. C’est un peu quitte ou double : on peut aussi t’accuser de diff…

   - Parfait ! coupe Michaël. On peut faire ça tout de suite alors.

   - Il y a juste un souci, esquisse Sylvain. Je n’ai aucun compte sur les réseaux sociaux.

   - Aucun… Aucun ? s’étonne Michaël.

​

*

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   Comme espéré, il ne fallut que vingt-quatre heures pour que le mouvement « BalanceTonProf » enflamme l’Université. Le témoignage laissé par Sylvain sur son profil créé pour l’occasion avait été partagé des milliers de fois par des utilisateurs de tous les pays et la presse commençait déjà à contacter le jeune homme pour obtenir une interview plus détaillée. La Faculté était elle aussi harcelée de tous les côtés pour qu’elle réagisse et donne sa version de l’histoire.

   Sous la pression du public et avec un soutien de plus en plus ténu de son employeur, le professeur Stephan avait préféré démissionner. Il n’avait même pas pris la peine de dire au revoir à ses étudiants, il était parti par la petite porte un vendredi soir.

   Suite à cette nouvelle, le professeur Tavernier avait appelé le bureau pour passer un savon à ses jeunes employés qui avaient innocemment nié être au courant de la manœuvre du plaignant. Sans pouvoir prouver le contraire, Tavernier leur avait dit qu’il les tenait à l’œil dès à présent et qu’ils n’avaient pas intérêt à le déranger encore une fois d’ici la fin de ses vacances.

   Au Croc’, Sylvain lève son verre à la santé de Nina et Michaël :

   - À l’efficacité indéniable du bureau des plaintes !

   Leurs chopes de bière s’entrechoquent au centre de la table.

   - Et à la fin des examens ! ajoute Michaël.

   - Enfin, parle pour toi, casse Nina, qui a encore une épreuve prévue le dernier jour de la session.

   - On a quand même eu chaud aux fesses, chuchote Michaël. Mais on a obtenu justice.

   - Oui, remercie Sylvain. Maintenant, grâce à cette affaire, l’Université va lancer un programme de prévention de l’inégalité de traitement. Au moins, ça aura permis de mettre au jour cette problématique.

   - J’hallucine malgré tout de l’ampleur qu’a prise toute cette histoire. C’est monté jusqu’à la chaine de télévision nationale qui a réalisé un court reportage sur toi ! T’es devenu une star, mec !

   - Peut-être que tu auras ton portrait dans la galerie d’ici quelques années, suggère Nina, plus en rigolant.

   Michaël déglutit et s’affaisse dans son fauteuil.

   Le pub-lounge recommence à prendre vie avec la fin du mois de janvier qui approche. Les décorations de Noël ont disparu et on sent que l’ambiance est plus décontractée. Sylvain leur annonce qu’il offre les boissons et les remercie encore une fois de leur aide avant de rejoindre un groupe d’amis qui fument devant l’entrée.

   Un silence un peu gênant tombe sur les deux collègues. Chacun regarde le fond de son verre et Nina tripote le sous-verre en carton.

   - Je pense que moi aussi je dois te dire merci, finit-elle par avouer. C’est surtout grâce à toi qu’on a réussi à boucler cette enquête. Je n’y serai sûrement pas arrivée sans ton aide.

   - Alors je fais partie de l’équipe maintenant ? sourit Michaël, en tendant sa paume en direction de la jeune fille qui acquiesce et lui tape dans la main.

   - Et voilà le troisième mousquetaire ! s’exclame-t-elle, alors que son frère marche d’un pas décidé dans leur direction.

Simon a de gros cernes soulignant son regard fatigué et ses cheveux foncés sont encore moins bien coiffés que d’habitude.

   - Ça doit être important pour que tu sortes de ta tanière en plein jour, se moque son colocataire.

   - Oui, s’essouffle Simon. Je viens de recevoir un appel de l’inspecteur de Kalbermatten. Il nous attend au bureau tous les trois maintenant, pour nous parler.

   - Nous parler de quoi ? s’enquiert sa sœur.

   - Je ne sais pas. Il a juste laissé un message sur mon téléphone il y a quinze minutes.

   Sans perdre de temps, les trois étudiants se lèvent et quittent le Croc’.

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*

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   La silhouette imposante de l’inspecteur Hippolyte de Kalbermatten fait les cent pas devant la porte vitrée fermée du bureau des plaintes de l’Université. Il vérifie l’heure sur l’écran de son portable et s’apprête à composer le numéro de Simon Dalambert au moment où il le voit apparaitre à l’autre bout du couloir, flanqué de sa sœur et du troisième acolyte dont il ne se rappelle plus le nom.

   Il s’avance vers eux pour leur serrer, comme d’habitude, une poignée de main solide. Nina remarque qu’il s’est laissé pousser la barbe depuis leur dernière rencontre en novembre, par contre il n’a toujours pas un cheveu sur le haut du crâne. Simon déverrouille la serrure et allume le lustre. Nina accourt vers la cafetière qu’elle met en marche et déniche quatre tasses pas trop crasseuses qu’elle rince au robinet de la kitchenette.

   Ils s’installent finalement dans le petit salon ; Nina et Simon sur le canapé, Michaël et de Kalbermatten chacun dans un fauteuil.

   - Merci d’être venus aussi rapidement, commence le jeune inspecteur. J’ai décidé de vous contacter dès que j’ai eu des nouvelles.

   - À propos de Royalty ? coupe Michaël.

   - Chut, ordonne Nina. Laisse-le parler.

   - Oui, continue de Kalbermatten. Suite à la découverte du message que vous aviez trouvé dans un livre à la bibliothèque, j’avais pris la décision d’interroger Gabriel Gaudette à ce sujet.

   L’inspecteur extrait de la poche de son manteau un petit sachet en plastique transparent contenant le code composé de lettres et de chiffres que Nina avait extirpé de la couverture d’un livre de slavistique. Il le dépose sur la table basse en bois et tous le reconnaissent immédiatement.

   - L’interrogatoire a été plus compliqué à organiser que prévu. Il faut savoir que votre affaire n’est pas non plus prioritaire dans notre section. Et avec les fêtes de fin d’année… Bref, Gabriel avait déménagé et j’ai mis quelques semaines avant de le retrouver. Ensuite, il a fallu le convaincre de me rencontrer de son propre chef, ce qui n’était pas gagné d’avance.

   Nina et Simon se souvenaient très bien du caractère borné et farouche de leur ancien collègue du bureau des plaintes.

   - Ça ne m’étonne pas trop de sa part, commente la jeune fille.

   - En fait, c’est surtout son avocat qui faisait pare-feu. Mais j’ai finalement pu le voir face à face ce matin. Gabriel est un garçon futé et je savais qu’il ne me livrerait aucun secret à moins que je ne lui tende un piège. On a longtemps tourné autour du pot ; d’abord il a nié l’existence d’un message caché, ensuite il a insisté pour y jeter un œil disant que ça lui rappellerait peut-être quelque chose.

   Nina se tortille sur les coussins du canapé, impatiente devant le suspense laissé par l’inspecteur de police.

   - Il a dit : « Montrez-moi ce mot de passe, qu’on en finisse ».

   - Je le savais ! murmure Simon entre ses dents. Et qui permet d’accéder à quoi ?

   - Ça, cela reste encore un mystère pour le moment, concède de Kalbermatten.

   - Donc vous nous avez convoqués ce soir pour nous confirmer quelque chose qu’on savait déjà ? interroge Michaël sur un ton un peu railleur. En gros l’enquête fait du surplace.

   - Non, répond de Kalbermatten, en jetant un regard froid au garçon. J’ai bien observé sa réaction quand je lui ai montré le bout de papier : il n’a presque pas bronché, comme s’il savait exactement à quoi s’attendre. Je l’ai remercié de m’avoir dit qu’il s’agissait d’un mot de passe. Ça ne l’a pas ébranlé. Il m’a même nargué en me demandant si je m’intéressais à la slavistique.

   Nina ne tient plus en place et décide de se lever et marcher le long des portes-fenêtres. Il parait que l’activité physique améliore les performances réflexives.

   - Il connaissait ce message car il l’a lui-même caché dans le livre, conclut-elle à mi-voix.

   - Exactement, poursuit le flic. J’en suis arrivé à la même hypothèse que vous, Mlle Dalambert.

   - Mais pourquoi cacher un mot de passe dans un livre ? s’interroge Michaël. Sérieux, qui fait ça ?

   - Quelqu’un qui est sur le point de se faire expulser de son Université et qui dans un dernier geste décide de transmettre un mot de passe très important au reste de sa fraternité. Il savait que tôt ou tard le livre serait remis en rayon d’une manière ou d’une autre.

   - Il ne pouvait pas transmettre son message de vive voix ? renchérit Michaël qui veut absolument avoir le dernier mot.

   - À mon avis, explique de Kalbermatten, il n’a jamais pris la peine de mémoriser cette suite de douze chiffres et lettres. C’est pour cela qu’il tenait tant à poser les yeux dessus ce matin.

   - Cela explique aussi pourquoi deux intrus se sont introduits dans la bibliothèque, continue Nina. Gabriel leur a sûrement dit d’aller regarder dans la couverture de cet ouvrage.

   - Donc aucun Royalty n’a connaissance de ce mot de passe ? questionne Simon en pointant le bout de papier.

   - Jusqu’à ce matin, en tout cas, râle Michaël.

   - J’ai l’impression que vous me sous-estimez, soupire de Kalbermatten. Je lui ai bien montré un mot de passe, mais en ayant pris soin auparavant de modifier certains caractères. Il ne l’a pas remarqué donc il ne connaissait pas le mot de passe et celui qu’il a mémorisé ne va pas lui permettre de faire grand-chose.

   - C’est bien vu, souffle Simon.

   - Qu’est-ce que ça veut dire pour nous ? s’inquiète Nina qui a arrêté de marcher et posé ses mains sur le dossier du canapé, juste derrière son frère.

   De Kalbermatten les dévisage tous les trois avant de répondre d’un air grave :

   - Que Royalty ne va sûrement pas tarder à répliquer…

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