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Saison 1 - Episode 4

Un Noël de Grinch

   Le bureau des plaintes de l’Université a revêtu son manteau de couleurs rouges, vertes et dorées à l’occasion des fêtes de fin d’année. Des guirlandes lumineuses s’entortillent tout autour de la balustrade de la mezzanine, de brillantes boules reflètent la lumière du lustre auquel elles sont suspendues et un petit sapin en plastique décore la table basse du coin salon. Dans le fond à droite, le tourne-disque du professeur Tavernier sifflote des mélodies de saison et des effluves d’orange et de cannelle émanent de la kitchenette sous l’escalier. Tout indique que le premier semestre d’étude touche à sa fin et que les vacances sont proches.

   Malgré cette réjouissance, Nina Dalambert est prostrée à son bureau, le visage livide, les yeux vitreux.

   - J’ai l’impression que ma tête est coincée dans la porte du four, gémit-elle. Et que quelqu’un s’évertue à vouloir la fermer.

   - Un four électrique ou à gaz ? s’enquiert Michaël Fassnacht. Laisse tomber… ajoute-t-il en voyant la mine anéantie de sa collègue.

   - Tu as la grippe, soupire Simon. Rentre chez toi.

   Nina enfouit son front entre ses bras croisés sur le pupitre.

   - Si je reste à la maison, je vais m’effondrer sur mon lit et dormir, marmonne-t-elle.

   - Justement, ça te ferait du bien.

   - Mais j’ai encore tellement de travail à terminer…

   Son grand frère quitte son poste informatique et vient se placer derrière la chaise de la jeune fille. Gentiment, il lui masse les épaules. Connaissant sa sœur, il sait très bien qu’elle ne s’arrêtera pas tant qu’elle n’aura pas atteint ses objectifs. Rien ne sert d’essayer de la raisonner.

   - Est-ce que je peux t’aider pour quelque chose ?

   - Tu t’y connais en psychologie de l’enfance ? J’ai une étude de cas de six pages à rendre pour demain.

   Simon lui tapote le dos, résigné :

   - Et bien, qu’est-ce que t’attends, au boulot ma vieille !

   - Pendant trois secondes j’ai cru que t’allais me trouver une solution miracle.

   - Les miracles de Noël n’existent pas ! s’exclame Michaël depuis la cuisine. Mais peut-être qu’une tasse de lait au miel et aux épices va t’aider un peu…

   Il dépose devant Nina un breuvage fumant au parfum sucré qui décoche un demi-sourire à la demoiselle.

   - Merci, murmure-t-elle. Et me faire servir à boire par Michaël en dehors du Croc’ relève presque du miracle.

   Le bureau des plaintes de l’Université est on ne peut plus calme cette dernière semaine de cours. Certains étudiants profitent de rejoindre leur famille un peu plus tôt que prévu, mais la grande majorité est absorbée par les travaux de validation à rendre, les derniers exposés, les futurs examens de janvier.

   De plus, de lourds flocons chargés de neige tombent sans répit sur le campus depuis une semaine : un flot continu déversé par un ciel blanc aveuglant. L’Université vient d’entrer dans un hiver glacial forçant la nature à une hibernation indéterminée, entrainant dans son engourdissement les organismes fatigués de ses étudiants.

   Dès lors, à trois jours de la fin, plus personne ne prend la peine de se déplacer jusqu’au bureau pour déposer une plainte. Cela tombe d’ailleurs assez bien car cela permet à Nina, Simon et Michaël de se concentrer un peu plus sur leurs cours que sur les affaires du bureau.

   - Le professeur Tavernier nous a envoyé un e-mail, annonce Simon.

   Michaël et Nina lèvent la tête dans sa direction et attendent la suite. Les yeux de Simon parcourent l’écran comme des billes lancées dans un circuit.

   - Il est dans l’avion pour les Bahamas et ne reviendra que fin janvier. Il nous fait confiance pour la gestion du bureau jusqu’à son retour.

   - C’est pas nouveau, raille Nina.

   - Il nous a laissé quelque chose dans le tiroir du haut de son pupitre.

   Michaël est le premier à sauter sur ses pieds et à rejoindre le fond de la pièce.

   Entre la kitchenette et le tourne-disque siège le poste de travail du professeur Tavernier. Bien qu’il ne l’utilise presque jamais, trop occupé à courir à gauche et à droite dans les couloirs de l’Université, ce meuble-ci est de loin le plus majestueux de la pièce. Ses quatre pieds rivalisent avec l’épaisseur d’une jambe humaine et sont gravés de volutes et de motifs floraux dont le relief est plus ou moins creusé. Le plateau lustré laisse transparaitre les rainures du bois, comme s’il avait été sculpté dans un seul et même tronc d’arbre.

   - J’ai toujours rêvé d’y mettre le nez, glousse Michaël, en reculant l’imposant fauteuil en cuir marron.

   - Ne touche à rien d’autre ! avertit Nina qui l’a rejoint.

   Mais le jeune homme ne peut s’empêcher de frôler le plumier en nacre et le sous-main estampillé d’une célèbre marque de luxe. Juste pour titiller sa collègue. Celle-ci lui tape sur les doigts.

   - Alors, qu’est-ce que c’est ? interroge Simon qui approche sa main du tiroir du haut.

   - Attends ! crie son copain. Et si c’était un piège…

   Nina éclate de rire. Ce mystère lui ferait presque oublier sa migraine et ses sueurs.

   - Tu vois vraiment le professeur nous tendre un piège de ce genre ?!

   Simon siffle de satisfaction :

   - Miam, miam, bave-t-il au-dessus du tiroir. Des chocolats.

   - De la meilleure chocolaterie de la ville en plus, précise Nina.

   Un petit carton leur souhaitant un « Joyeux Noël » signé T. est posé dessus.

   Michaël soulève le petit écrin entouré d’un ruban violet et se baisse pour inspecter l’habitacle.

   - Mais il n’y a qu’une boite ? s’étonne-t-il.

   Nina profite de son état de surprise pour lui piquer les chocolats des mains et se dirige vers le frigo de la kitchenette où elle dépose les précieuses friandises.

   - Le partage, Mic. C’est l’esprit de Noël, ça, explique Simon.

   - Le Père Noël est chiche cette année, rouspète le jeune homme.

   - Ou peut-être que tu as été un vilain garçon, se moque Nina.

*

   Le lendemain soir, Simon est aux fourneaux, lorsque Michaël ouvre la porte de leur appartement à Nina. Une odeur de pommes de terre rôties l’invite à rejoindre son frère à la cuisine. Ce dernier sursaute presque en entendant sa sœur le saluer.

   - Tu m’as fait peur, je ne m’attendais pas à te voir débarquer.

   - Oui, je me suis dit que je passerai régler avec toi les derniers détails pour les vacances.

   Simon reste silencieux, son attention fixée sur le ragoût qui mijote sur la cuisinière.

   Comme chaque Noël, Nina et Simon ont prévu de rejoindre leurs parents, exilés dans un luxueux chalet de montagne. Depuis trois ans maintenant, ils vivent là-bas à l’année profitant de leur retraite anticipée et des avantages fiscaux de la vie rurale.

   - Je me disais qu’on pourrait partir vendredi midi, prendre le train de douze heures seize et changer pour la correspondance de quatorze heures trois. On arriverait au Mont Rouge vers seize heures.

   - Mmh, marmonne Simon.

   - Si ça ne t’arrange pas, on peut prendre celui de quinze heures et arriver aux alentours de dix-neuf heures.

   - Ok.

   - Comment ça : ok ? Douze heures ou quinze heures ?

   Simon enfile un gant de cuisine et sort le plat de pommes de terre du four. De la vapeur emplit la pièce. Nina farfouille dans sa poche à la recherche d’un mouchoir dans lequel décharger son nez bouché.

   - Écoute Nina, je ne sais pas si j’ai envie d’aller passer Noël au Mont Rouge cette année…

   Nina fronce les sourcils et essuie ses narines rougeâtres.

   - Ça sent bon, ici ! s’extasie Michaël en entrant. C’est bientôt prêt ?

   Le garçon perçoit soudain la tension entre le frère et la sœur. Heureusement, la sonnerie de son téléphone portable vient à son secours. Il l’extirpe de la poche arrière de son jeans :

   - Ah, c’est ma tante. Je… je ferais mieux de répondre. Pour éviter les embrouilles familiales. C’est important.

   Trop content de disparaitre dans le couloir, on l’entend décocher un joyeux « Allô » alors qu’il s’éloigne.

   - Je ne comprends pas, Simon. C’est Noël et c’est une tradition. Déjà qu’on ne voit papa et maman que trois fois l’an…

   - Et c’est trois fois de trop… grommèle le jeune homme.

   - Mais qu’est-ce que tu me fais, là ? s’énerve Nina. C’est prévu depuis longtemps et tout à coup tu te rétractes ? C’est quoi le problème ?

   Simon commence à sortir assiettes, fourchettes et couteaux des placards. Comme souvent quand le jeune homme se retrouve dans une situation inconfortable, il préfère se replier sur lui-même et se murer dans le silence. Ce comportement a tendance à rendre Nina folle, mais elle sait que plus elle insiste, plus elle aggrave le cas.

   - Bon, réfléchis bien à tout ce que ça représente, menace-t-elle. Et on en reparle demain.

   Sur ce et sans réponse de son frère, elle quitte la pièce. Dans le couloir, elle croise Michaël qui sort de sa chambre, le visage fermé.

   - Tout va bien ? s’inquiète-t-elle.

   - Oui… oui… répond-il évasivement.

   - Tu vas voir ta tante ce week-end pour les fêtes ?

   - Hein ? Ah… non, elle va passer Noël dans le sud cette année, bégaie le jeune homme.

   L’air un peu embarrassé, Michaël plante Nina au milieu du couloir et retourne dans la cuisine.

   - Ok, murmure la jeune fille, en enroulant son écharpe autour de son cou avant de quitter l’appartement.

*

   Cela fait deux heures que Nina tente de joindre son frère par téléphone pour discuter de leur départ du lendemain, mais ce dernier reste injoignable. Entre deux lectures d’articles de méthodologie, Nina vérifie sa montre : il est tout juste vingt-deux heures et aucune réponse aux six textos envoyés et aux deux messages laissés sur le répondeur de Simon. Nina avale une grosse gorgée de tisane contre la toux avec une grimace. Ses migraines ont diminué et sa température a baissé, mais son nez reste bien encombré et sa gorge irritée.

   Ce n’est pas trop le style de son frère de ne pas donner de nouvelles. Malgré leur dispute de la veille, Nina sait qu’il serait incapable de la faire poireauter comme ça aussi longtemps. La jeune fille tente de se remettre au travail, mais l’inquiétude est née dans sa tête et grandit dans son cœur. Elle n’arrive plus à se concentrer et a beau relire la même phrase, encore et encore, celle-ci demeure obscure. Vu l’heure avancée et son état, elle ferait mieux de se coucher et de se reposer quelques heures. Mais le sommeil ne viendrait pas tant qu’elle n’aurait pas de réponse de la part de son frangin.

   Nina se lève donc, attrape manteau, bonnet et gants dans son armoire, et enfile sa paire de bottes. Elle a une petite idée d’où elle pourrait trouver Simon un jeudi soir à vingt-deux heures.

*

   Ce jeudi soir au Croc’, c’est soirée autour du thème de Noël bien sûr. Les étudiants ne manqueraient pas une occasion pareille, ou un prétexte si facile, de faire la fête. Comme toujours, le pub-lounge a revêtu ses décorations de circonstance : Pères-Noël en plastique suspendus aux appliques murales, bougies rouges sur les tables, guirlandes de sapin le long du comptoir. Un remix rock’n’roll de Jingle Bells remplit l’atmosphère de riffs de guitare.

   Nina tape ses chaussures sur le paillasson de l’entrée pour ôter la neige accumulée lors de la traversée du campus. Elle range ses gants dans la poche droite, son bonnet dans la gauche et déboutonne son manteau noir.

   L’endroit est une nouvelle fois plein à craquer. On dirait que tous les étudiants sont sortis de leur hibernation studieuse pour profiter de la dernière soirée du semestre. Demain, la plupart rejoindront leur famille pour passer deux semaines de répit avant les examens de mi-année.

Nina doit un peu jouer des coudes pour se frayer un chemin jusqu’au bar. D’un coup d’œil, elle balaie les serveurs, mais Michaël n’est apparemment pas de piquet ce soir. Elle cherche sa grande perche de frère parmi la foule et repère sa touffe de cheveux châtain entre le flipper et la table de billard.

   Les deux colocataires sont en train de faire une partie de fléchettes.

   - Hé Nina ! crie Michaël, en la voyant arriver dans son champ de vision.

   Il la saisit par les épaules et tente de l’attirer de côté.

   - J’aimerais parler à mon frère, explique la jeune fille, en se dégageant.

   - C’est-à-dire qu’on est en pleine partie là, il ne faudrait pas le déconcentrer.

   Nina prend un air à demi-choqué :

   - Excuse-moi, je n’avais pas remarqué que vous jouiez les championnats du monde de fléchettes.

   Sa réplique laisse le jeune homme sans voix et elle en profite pour rejoindre Simon. Celui-ci est en train de trinquer un shot avec une fille rousse. Nina fronce les sourcils à la vue inhabituelle de son frère qui boit de l’alcool fort. Surtout en compagnie d’une inconnue.

   - Tu viens admirer notre victoire ? lui demande-t-il quand il l’aperçoit.

   À son allure décomplexée et au ton clair de sa voix, Nina comprend tout de suite que son frère n’en est apparemment pas à son premier verre.

   - Hé ! Vous n’avez pas encore gagné ! s’offusque la rousse. Marina vient de marquer soixante-trois points !

Marina, une jolie blonde, saute en l’air à côté de Nina avant d’aller frapper la paume de la main de sa copine. Michaël, qui les a rejoints, perçoit l’agacement de Nina :

   - Euh, les filles, vous pourriez aller nous chercher la prochaine tournée ? demande-t-il, en tendant un billet de cinquante à la rousse.

   - Je crois que certaines personnes ont assez bu pour ce soir, siffle Nina entre ses dents.

   - Oh Nina… s’exaspère Michaël.

   - Le portrait craché de maman, rétorque Simon.

   - Qu’est-ce que tu veux dire ? s’étonne Nina.

   - Rien… soupire Simon qui espère échapper à l’affrontement.

   Mais la jeune fille se sent piquée dans son amour-propre :

   - Non. Exprime ta pensée jusqu’au bout.

   Soudain dégrisé, Simon détourne la tête et tripote une fléchette.

   - Est-ce que ça a un lien avec le fait que tu ne veuilles pas rentrer à la maison pour Noël ?

   Michaël juge le moment opportun pour s’interposer en suggérant :

   - Écoute Nina, je ne crois pas que ce soit le moment ni le lieu pour parler de ça…

   - Ça ne te regarde pas, Michaël, coupe-t-elle. C’est entre mon frère et moi. Ce serait bien que ton rôle de colocataire se limite à s’assurer que mon frère puisse rentrer de soirée sur ses deux pieds.

   - Je ne suis peut-être que son colocataire… mais au moins c’est pas à cause de moi qu’il a voulu se mettre dans cet état-là.

   Les deux filles reviennent avec un plateau de petits verres au contenu transparent. Simon lance la fléchette en direction de la cible, mais celle-ci va se loger dans le mur derrière. Le garçon vide alors le contenu d’un shot cul-sec dans son gosier.

   - Qu’est-ce que tu insinues ? siffle Nina.

   - À ton avis…

   Michaël n’a pas le temps de continuer sa phrase que Simon s’agrippe à son bras, lui faisant renverser la bière qu’il tenait. Les deux esquissent un geste de recul pour éviter le liquide poisseux, bousculant Simon qui s’effondre comme une masse sur la moquette rouge.

   Ses deux collègues se précipitent à ses côtés pour le relever, mais le jeune homme semble parti dans un état de semi-conscience.

   - Il faut le sortir d’ici où il va se faire piétiner, conseille Michaël.

   - Allons au bureau, c’est à côté et il pourra s’allonger sur le canapé.

Bras dessus, bras dessous, Nina et Michaël soutiennent Simon et le transportent jusqu’à la sortie. Ils empruntent l’entrée principale, située à quelques mètres du Croc’ et traversent la cour. La lumière automatique s’enclenche lorsqu’ils pénètrent dans le bâtiment endormi et tirent leur ami jusqu’au salon où ils le déposent.

   Simon se met presque automatiquement à ronfler sourdement, signe que sa condition n’est pas si grave. Nina le recouvre avec le plaid en laine multicolore et s’effondre dans le fauteuil de droite, Michaël occupant celui à l’opposé. Ils restent silencieux dans cette position pendant plusieurs minutes. Seuls le souffle lourd de Simon et le crépitement de la lampe à pied à côté du canapé donnent signe de vie dans la pièce.

   Puis, Nina se résigne à prendre la parole, en chuchotant :

   - Michaël…Je… Je suis désolée pour ce que j’ai dit avant.

   Le jeune homme a le regard perdu au niveau de la table basse.

   - C’était purement méchant. Je sais que tu es beaucoup plus pour Simon qu’un simple colocataire.

   Michaël bascule en arrière et passe sa main derrière sa nuque.

   - Et toi tu es sa famille. Il a besoin de ton soutien, surtout dans ces moments-là.

   - Mais je ne sais même pas ce qui le tracasse… s’agace Nina.

   - Moi non plus. Mais peu importe. Il doit savoir qu’on est là pour lui, s’il a besoin d’en parler.

   Nina cale un coussin sur son ventre en réfléchissant à ce que vient de dire Michaël.

   - Tu rentres chez ta famille demain ? questionne-t-elle.

   Nouveau silence de Michaël, qui finit par se lever :

   - Je vais faire du café. Essaie de dormir un peu. Tu as mauvaise mine.

   Mais la jeune fille sombre déjà dans le fauteuil.

*

 

   Simon émerge de son état comateux avant le lever du jour. Il se redresse péniblement sur le canapé, les veines de ses tempes frappent son cerveau, lui faisant bien comprendre qu’il a abusé sur la boisson le soir d’avant.

   Dans le fauteuil de gauche, le menton de Nina est échoué sur sa poitrine dans un filet de bave. Avec ses jambes repliées sous ses fesses, cela lui donne une posture démembrée de poupée de chiffon. En face d’elle, Michaël s’est étalé en travers : la tête sur un accoudoir, les pieds sur l’autre.

   Les premiers rayons du soleil commencent à refléter une lumière bleue sur la neige qui remplit la cour intérieure comme une cuvette. Il ne doit pas être loin de sept heures du matin, mais le bâtiment de l’Union est encore désert en cette veille de réveillon. Simon se détourne de la grande porte-fenêtre pour aller boire un verre d’eau, mais s’arrête dans son mouvement. Il y a quelque chose qui cloche dans le paysage. En plissant les yeux, il croit comprendre, mais cela parait tellement improbable qu’il se demande si son cerveau ramolli ne lui joue pas des tours. Pour s’en assurer, il préfère réveiller ses camarades :

   - Nina… Michaël… souffle-t-il. Réveillez-vous.

   Nina sursaute à l’appel de son prénom, alors que Michaël ronchonne et se retourne.

   - Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Simon, tu te sens mal ?

   - Non, non, rassure le grand frère. Je vais bien, t’inquiète. Viens voir dans la cour…

   La jeune fille vient se placer à côté de lui devant la fenêtre.

   - Tu vois ce que je vois ? interroge Simon, en pointant la statue de John et Elsa Cameron.

   Nina frotte ses yeux embués de fatigue et les plisse dans la direction indiquée par son frère.

   - Je ne suis pas sûre de ce que je vois non plus.

   - C’est quoi ce truc ? s’enquiert Michaël qui s’est planté dans leur dos sans bruit.

   Simon appuie sur la poignée et laisse pénétrer une brise glacée dans le bureau. Nina fait un pas en arrière en frissonnant et attrape leurs vestes qu’elle tend aux garçons.

   Les trois amis avancent pas à pas dans la quinzaine de centimètres de poudreuse. Plus ils s’approchent de la statue, plus la vue de celle-ci vient confirmer leurs soupçons.

   Un socle de pierre d’environ un mètre cinquante de haut supporte une femme assise dans un siège et un homme debout derrière elle, les mains sur ses épaules. Leurs regards se croisent dans un air attendrissant. Une plaque commémorative sur le côté du socle qui fait face à l’entrée principale de la cour précise qu’il s’agit de John et Elsa Cameron, fondateurs de l’institution scolaire pour jeunes filles en 1883. Figurent aussi leurs dates de naissance et de mort, ainsi qu’un mot de remerciements pour l’héritage éducationnel laissé par ces deux philanthropes.

   Malgré la faible lumière du jour, Nina, Simon et Michaël ne peuvent pas ignorer le graffiti verdâtre qui recouvre la tête et le buste de John Cameron. Aucune inscription, juste un gribouillis non figuratif fait au spray vert fluo.

   - On dirait le Grinch… murmure Simon, en portant la main à sa bouche.

   - C’est horrible, confirme Nina. Qui a pu faire une chose pareille ?

   - Quelqu’un qui a un sacré cran, commente Michaël.

   - Juste avant Noël en plus ! s’offusque la jeune fille.

   Michaël a dégainé son téléphone portable et se déclare photographe-reporter de cette déprédation.

   - Ça n’était pas là hier soir, assure Nina. J’ai regardé par la fenêtre en entrant. La statue était éclairée par le spot lumineux et tout était normal.

   - Ça a dû se produire pendant la nuit. Alors qu’on était à quelques dizaines de mètres, conclut Simon.

   Déjà le concierge s’avance dans la cour, muni de tout le nécessaire, brosse, seau, produit nettoyant, pour effacer ce vandalisme. Après quelques échanges d’exclamations surprises, les trois amis le laissent commencer son travail et retournent à l’intérieur.

*

   L’épineux sujet du week-end familial n’était pas revenu sur le tapis et ni le frère, ni la sœur ne souhaitaient le remettre à l’ordre du jour. La dispute de la veille était elle aussi passée aux oubliettes, même si tous en gardaient un goût amer en bouche.

   Dans sa petite chambre d’étudiante au deuxième étage de la résidence Elsa Cameron, Nina termine de préparer sa valise. Elle a prévu de prendre le train de douze heures seize, peu importe si Simon se joint à elle ou pas. Elle a rendu le matin même les dernières dissertations du semestre et décide d’empaqueter quelques livres pour réviser ses examens. Plus pour faire bonne figure qu’autre chose car elle sait très bien qu’une fois chez ses parents, elle déconnectera de ses soucis d’étudiante jusqu’à la reprise de janvier.

   Son téléphone sonne au moment où elle s’apprête à sortir de la pièce avec son sac de voyage et une petite valise de vêtements.

   - Mauvaise nouvelle, entend-elle à l’autre bout du fil.

   - Michaël ?

   - J’espère que tu n’es pas déjà en route pour la gare.

   - Qu’est-ce qui se passe ?

   - La Faculté nous demande d’enquêter sur le vandalisme de la statue. Ils veulent qu’on se penche là-dessus tout de suite avant que les preuves disparaissent. Il faut résoudre cette affaire avant Noël.

   Nina émet un juron de consternation.

   - Vous êtes où ? demande-t-elle.

   - Au bureau.

   - Je vous rejoins tout de suite. Et je prends ma valise au cas où on est efficaces et que je peux toujours attraper le train de quinze heures.

*

   Simon et Michaël sont déjà au travail lorsque Nina débarque au bureau des plaintes. Furieuse, elle jette ses affaires dans un coin.

   - Je ne sais pas qui a fait ça, mais je le hais. Je vais le retrouver et je vais le faire payer.

   Les deux garçons, installés autour de l’ordinateur de Simon, se jettent un regard faussement effrayé.

   - C’est vraiment cruel de la part de la Faculté de nous forcer à mener une enquête quelques heures avant les vacances, qui plus est la veille du réveillon…

   Michaël s’étire sur sa chaise dans un geignement.

   - J’ai acheté des cookies cannelle-gingembre, quelqu’un en veut ? propose-t-il en tendant le bras vers un paquet à moitié ouvert et consommé.

   - Non, mettons-nous au travail tout de suite, ordonne Nina. Avec un peu de chance, on trouve rapidement le coupable et on pourra prendre le train de quinze heures.

   Simon ne réagit pas à son utilisation du pronom « on » et préfère passer au sujet du jour :

   - Il faut commencer par examiner le lieu du crime. Mic, prends l’appareil photo qui est dans le meuble derrière ton bureau.

   Les trois collègues refont le trajet effectué le matin même.

   Le ciel est bleu sans nuage ce vendredi et la neige, qui n’est plus tombée depuis la nuit, se met à fondre à certains endroits touchés par les rayons du soleil. Les cristaux de glace crissent sous leurs pas et leur souffle expulse une buée chaude.

   - On aurait dû prêter attention aux traces de pas dans la neige ce matin… regrette Nina. On aurait pu voir d’où était venu le criminel. Maintenant, il y en a des dizaines qui partent dans toutes les directions.

   Michaël déclenche quelques photos au hasard. Devant la statue, deux inconnus, un garçon et une fille, se prennent en selfie avec un John Cameron au teint verdâtre. La fille éclate dans un rire grossier à une blague que son copain lui fait.

   La lugubre découverte a rapidement fait le tour des réseaux sociaux et les étudiants encore présents sur le campus profitent des derniers instants à l’Université pour venir immortaliser sur leurs téléphones portables cette œuvre d’art indécente et éphémère. Le hashtag « #JohnCameronTheGrinch » permet de toutes les recenser sur la toile.

   L’homme de maintenance chargé de nettoyer la statue a déjà commencé son travail et le fluo du vert est bien estompé, donnant un aspect maladif au pauvre Cameron. Il lui faudra probablement plusieurs heures supplémentaires pour lui rendre son teint naturel.

   - Il y a une dizaine d’accès publics à la cour intérieure, explique Nina.

   Elle pointe les portes qui mènent au bâtiment de l’Union : deux dans chaque angle du mur, plus l’arche de l’entrée principale dans la façade nord-est, dont l’accès est restreint par un haut portail en fer, actuellement ouvert, mais qui est verrouillé la nuit venue.

   - Et il faut ajouter les accès privés, comme notre bureau qui est au rez-de-chaussée et dont la porte-fenêtre donne directement dans la cour, ajoute Simon.

   - On pourrait demander un plan des locaux à l’Université, suggère Michaël.

   Simon lève la tête vers les toits pointus de l’Union :

   - Il n’y a aucune caméra de surveillance dans l’enceinte de la cour. Elles sont toutes postées aux alentours du bâtiment.

   - Non, c’est faux, corrige Nina. Il y en a une au niveau de la bibliothèque.

   Tous les trois pivotent en direction de la façade sud, entièrement occupée par l’ancienne bibliothèque. Une double porte à battants en verre permet aux étudiants de quitter la bibliothèque par la cour intérieure. Simon distingue les portiques antivols derrière les vitres, mais par mesure de sécurité, l’Université a également installé un petit globe gris et noir à l’œil perçant juste au-dessus de la sortie.

   L’appareil photo cliquette deux fois de suite.

   - On va aussi demander les bandes à la Faculté.

   - Ça va mettre des plombes avant d’arriver, geint Nina. La plupart des employés sont probablement déjà partis en vacances. La demande va être renvoyée de bureau en bureau jusqu’à trouver une personne qui s’y connaisse…

   - J’ai peur que tu doives faire une croix sur le train de quinze heures, Nina, soupire Michaël.

   La jeune fille crache un juron :

   - Si je loupe celui-là, je rate la dernière correspondance pour le Mont Rouge. Et comme c’est un train à crémaillère d’une compagnie privée, il n’y en aura pas avant mardi matin.

   - Et vos parents ne peuvent pas venir vous chercher ? interroge Michaël.

   - Il y a presque trois heures de route aller… Et avec la neige de ces jours, ils doivent être coincés au chalet.

   La jeune fille tape du pied et pousse un gémissement de détresse. Son Noël semble être ruiné par ce Grinch sorti de nulle part. L’idée de passer le réveillon dans son cagibi d’étudiante la déprime au plus haut point. Face à son visage dépité, Simon fait demi-tour vers le bureau des plaintes et lance :

   - Tu n’as qu’à y aller. On finira sans toi.

   Michaël et Nina se dévisagent en silence.

   - Il a raison, on peut très bien se débrouiller tout seuls.

   - Je sais… Mais ça va vous prendre deux fois plus de temps. Et tu devras aussi faire une croix sur ton Noël en famille. Alors je reste. Par solidarité.

   - T’es sûre ?

   - Oui. La discussion est close. Allons nous mettre au travail.

*

   Les images de la caméra de surveillance arrivent en fin d’après-midi, alors que Nina et Michaël s’étaient attelés à la rédaction des observations préliminaires et que Simon traitait les photos sur son ordinateur. Les trois comparses se réunissent autour de l’écran qui affiche une image en noir et blanc saccadée. La cour intérieure est baignée d’ombre si ce n’est le spot en bas qui éclaire l’entrée de la bibliothèque et un halo dans le coin supérieur droit où se trouve la statue illuminée de John et Elsa Cameron.

   - Avançons directement jusqu’à vingt-deux heures trente, au moment où nous sommes rentrés et avons constaté que tout était encore normal, suggère Simon.

   Le bandeau indiquant la date et l’heure défile à toute vitesse sous le curseur de la souris et s’arrête net à l’heure demandée. Simon actionne alors un autre bouton permettant de visionner les images à vitesse avancée. Il s’arrête au moment où une silhouette apparait dans l’angle gauche.

   - C’est lui ! s’exclame Nina.

   - Ou elle… siffle Michaël.

   Nina esquisse une grimace.

   Sur l’écran, à vingt-trois heures cinquante-deux, on aperçoit quelqu’un s’avancer d’un pas décidé vers la statue, qui se trouve hors du champ de la caméra. Il est vingt-trois heures cinquante-six quand l’individu, homme ou femme, repasse dans l’autre sens. Puis plus rien jusqu’à six heures quarante-sept, lorsque le concierge constate la déprédation. On le voit lever ses bras au ciel et les écraser sur le haut de son crâne. Quelques minutes plus tard, Nina, Simon et Michaël sortiront du bureau à gauche et découvriront eux aussi le massacre.

Simon recule dans son fauteuil :

   - Pas une fois, le ou la coupable regarde en direction de la bibliothèque. Il tourne même… ou elle tourne même… la tête volontairement de l’autre côté. Comme si cette personne savait où se trouvait la caméra.

   - C’est sûrement un habitué des lieux, un étudiant ou un membre du staff de l’Université, conclut Michaël.

   - Mais il ou elle vient de l’aile gauche du bâtiment, précise Nina. Pas de l’entrée principale qui se situe à droite de l’écran. Ni de la bibliothèque.

   Simon attrape le plan de l’Union qu’ils ont imprimé et laissé sur le coin du bureau :

   - Il n’y a que l’administratif de ce côté-ci.

   - Ça ne nous avance pas beaucoup tout ça… rouspète Michaël. On ferait mieux de faire une pause pour ce soir et de reprendre tout ça d’un œil neuf demain matin, non ?

   - Je vais rester encore un moment, déclare Nina, en se frottant les yeux.

   - Alors on reste aussi, décide Simon.

   Michaël soupire devant l’autorité de son colocataire et part s’installer sur le canapé.

   Ce n’est qu’à vingt-et-une heure qu’ils décident de rentrer dans leurs demeures respectives pour la nuit.

*

   Le lendemain, Nina est la première à arriver au bureau des plaintes de l’Université et elle s’impatiente en attendant ses collègues. Elle saute alors sur ses pieds lorsque les deux garçons débarquent ensemble dans la pièce.

   - Simon, est-ce que tu pourrais avoir accès aux relevés des badges ?

   - Bonjour à toi aussi… marmonne Michaël.

   - Tu penses à quoi ? interroge le frère.

   - Je veux voir qui a utilisé son badge avant-hier soir pour entrer dans l’Université. Peut-être que le coupable se trouve parmi eux ou un complice qui lui aurait ouvert la porte de l’aile administrative.

   Simon pose son sac par terre et s’installe derrière son clavier. Il tapote quelques instants sur les touches dans le rythme des trépignements de Nina à côté de lui.

   - Voilà, finit-il par dire en pointant l’écran. Il n’y a eu qu’une seule entrée après le verrouillage des portes à vingt-deux heures avant-hier soir.

   - Et le coupable est… annonce Michaël, en mimant le roulement du tambour avec ses doigts sur la table. Nina Dalambert ! J’avais bien dit que ce serait une fille.

   La susnommée lui envoie une tape sur le haut du crâne.

   - Vingt-deux heures trente-cinq, quand on est entrés tous les trois. Tu es sûr qu’il n’y a eu personne d’autre, avant ou après ?

   Son frère lui lance le regard choqué d’un expert qu’on vient d’insulter.

   - C’est impossible…

   - À moins que le coupable soit entré avant et se soit caché dans un bureau en attendant la nuit, suppose Michaël.

   - Mais le service de conciergerie l’aurait vu quand même ! Il lui faudrait une excellente cachette. Ça me semble tiré par les cheveux…

   Pendant l’heure qui suit, un silence de réflexion s’installe parmi eux. Chacun essaie de trouver une explication plausible. Finalement, Michaël décide d’aller chercher à manger en ville.

   - Je n’arrive pas à croire qu’on est restés là exprès et qu’on fasse chou blanc. Quel gâchis, s’énerve Nina.

   - C’est comme ça, constate Simon.

   - Il y en a que ça arrange plus que d’autres, laisse échapper la jeune fille.

   - Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

   Nina se lève et va se poster à la fenêtre, dos à son frère. Son regard se perd au niveau de la statue de Cameron qui a à peu près retrouvé sa couleur d’origine.

   - Ça t’arrange quand même bien cette histoire de vandalisme qui nous met sur une enquête à la dernière minute, non ?

   - Attends, tu me soupçonnes d’avoir fait ça ? s’exclame Simon, en lançant son menton en direction de la cour intérieure. Tu crois vraiment que j’aurais pris le risque de me faire renvoyer de l’Université pour échapper à un Noël en famille ?

   - Une fois que Michaël et moi nous étions endormis…Tu avais l’occasion et le mobile.

   - Tout comme toi, réplique le jeune homme, exaspéré. Ce serait prendre un risque énorme pour pas grand-chose. Mais ça montre à quel point tu as confiance en moi…

   Sa remarque fait tressaillir Nina qui semble reprendre ses esprits. Elle se retourne face à son frère et baisse les yeux :

   - Désolée Simon… Tu as raison. C’est ridicule. C’est juste qu’on semble être les seuls à avoir été présents ce soir-là. Et si ce n’est ni toi, ni moi… Il ne reste que…

   - Michaël ? Mais pourquoi il ferait ça ?

   - Pour toi. Pour te donner une bonne excuse de ne pas venir au Mont Rouge avec moi ?

   Simon n’est pas convaincu par cette explication, alors Nina se creuse la tête :

   - Je ne sais pas. Peut-être que lui non plus n’a pas envie de rentrer dans sa famille pour Noël.

   - Mic n’a pas de famille.

   Les sourcils froncés, Nina vient s’installer près de Simon.

   - À ce que je sais, continue-t-il. Ses parents se sont séparés quand il était tout petit. Son père a refait sa vie depuis longtemps en Colombie. Et Michaël a coupé les ponts avec sa mère quand il avait quinze ans. Il est parti vivre chez sa tante. Je pense qu’il a prévu de passer Noël avec elle.

   - Sauf que l’autre soir il m’a dit que sa tante partait dans le sud…

   - Du coup… il se retrouve tout seul…

   Le frère et la sœur restent pensifs un moment. Puis, Nina se lève et, sans un mot, passe derrière le bureau de Michaël. Simon l’entend cliquer sur la souris de l’ordinateur, puis elle se lamente :

   - J’ai retrouvé un échange de courriels : ce n’est pas la Faculté qui nous a mandatés sur l’affaire. C’est Michaël qui leur a proposé qu’on prenne l’enquête en charge…

   D’un air coupable, Nina et Simon fixent leurs pieds.

   - Qu’est-ce qu’on fait ? interroge le jeune homme.

   - On n’a aucune preuve. Que des présomptions.

   - On a fait tout notre possible, tente-t-il de se convaincre.

   - Et puis, c’est Noël après tout. Un petit miracle ne serait pas de trop…

   Le frère et la sœur passent encore quelques minutes à terminer le rapport qu’ils déposent en sortant dans la boite aux lettres de l’Université et qui conclut que l’enquête n’a mené à aucun suspect potentiel.

   Dans le couloir, ils croisent leur ami qui revient les mains chargées de vivres.

   - Qu’est-ce que vous faites ? demande-t-il surpris.

   - On a clos l’enquête : aucun suspect, affirme joyeusement Simon. Et pour fêter les vacances et Noël, je vais de ce pas aller cuisiner la meilleure dinde du campus. Mic, j’espère qu’on peut congeler tout ce que tu viens d’acheter. Et Nina, tu passes le week-end avec nous à l’appart.

   Celle-ci s’apprête à répliquer mais son frère la coupe :

   - C’est non négociable. Par contre, je veux bien un peu d’aide pour préparer les accompagnements.

   - Tu peux compter sur nous, affirme Michaël.

   Ainsi, les trois amis passent le réveillon ensemble. Et ils se rendent compte qu’ils doivent faire partie des rares étudiants restés à l’Université ce week-end-là. Peut-être même sont-ils les seuls. Mais seuls, ils ne le sont pas.

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