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Saison 1 - Episode 2

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Mystères et Cie

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   Michaël Fassnacht a de la peine à tenir les yeux ouverts. Il regrette amèrement sa courte nuit de sommeil. La voix lancinante de sa professeure de droit civil n’aide pas à le garder éveillé. En plus, la lumière est tamisée dans la salle de classe pour permettre aux étudiants de visualiser l’écran où est projeté le contenu du cours.

   Michaël parcourt l’assemblée du regard à la recherche d’un visage familier auquel s’accrocher. Une fille basanée lui adresse un sourire. Il se retourne pour vérifier que c’est bien à lui qu’elle fait un signe, mais constate qu’il est au dernier rang. Il s’apprête à lui rendre son attention lorsque son pote, assis à côté, lui donne un coup de coude dans les côtes. Son visage se tord en grimace et la fille a sitôt fait de l’ignorer. Son ami lui montre une phrase, tracée à la va-vite sur sa feuille de notes : « Café, toi + moi, maintenant ? »

   Michaël ne va pas manquer une bonne raison de se réveiller et de quitter ce cours ennuyant. Comme réponse, il tend son pouce droit en l’air. Et sans attendre, il ferme son ordinateur portable, le glisse dans une fourre qu’il glisse elle-même sous son bras et se lève discrètement de sa chaise pour rejoindre la sortie de l’auditoire.

   Son pote le retrouve quelques secondes plus tard.

   - Tu m’as sauvé la vie, lui dit-il.

   - Oui, j’ai bien vu que tu avais besoin d’un petit remontant.

   Ils quittent le bâtiment et se dirigent d’un commun accord vers la cafétéria qui longe l’Union. Il est à peu près dix heures du matin et le campus grouille d’étudiants. Michaël salue quelques têtes connues qu’ils croisent sur leur chemin.

   - Alors, tu as eu le job au bureau des plaintes ? interroge son ami.

   - Ah, je t’ai pas dit ? Oui, j’ai été engagé. C’est surtout grâce à Simon qui a bien poussé ma candidature. Et le fait que j’étudie le droit a peut-être aussi été un atout.

   Michaël ouvre la porte de la cafétéria, la tient et s’engage à la suite de son copain. Ils font cap sur le self-service au centre du réfectoire et se servent un café chacun. Puis, ils s’installent à une table libre, près de la fenêtre. Autour d’eux, beaucoup d’étudiants ont eu la même idée ; certains discutent, d’autres ont mis des écouteurs et sont penchés sur leurs portables.

   - Mais tu bosses quand même toujours au Croc’ ?

   - Ouais, deux soirs par semaine. Ça me fait un peu d’argent en plus.

   - Tu crois que tu pourrais m’avoir des invits pour la soirée privée d’Halloween ?

   Michaël prend le temps d’avaler lentement sa gorgée de café. Son pote doit être la cinquième personne à lui demander cette faveur. Il se voit mal supplier son boss encore une fois, mais il se voit encore moins dire non à son ami.

   Heureusement, le jeune homme est sauvé de son dilemme par Nina Dalambert qui passe au même instant la porte de la cafétéria.

   - Hey Nina ! hèle-t-il, en lui faisant un signe de la main.

   Nina s’arrête dans sa course et le dévisage d’un air surpris. Michaël n’est pas du genre à lui sauter au cou dès qu’il la croise, il a plutôt tendance à l’éviter, voire l’ignorer complètement. Elle lui rend son geste un peu maladroitement et file vers le buffet des viennoiseries.

Michaël finit par baisser son bras, termine son café cul sec et s’excuse auprès de son ami.

   - Désolé, mec, le devoir m’appelle, invente-t-il. On se voit au cours d’éthique à onze heures trente ?

   Le jeune homme s’élance en direction du self-service.

   - Tu veux dire à onze heures ! s’exclame son pote dans son dos.

   Il l’ignore et se dirige droit sur Nina.

   - Tu peux faire semblant de me parler d’un truc vraiment important ? lui murmure-t-il à l’oreille.

   - Quoi ? s’étonne Nina, en le regardant de travers.

   - S’il te plait, tu me sauves la vie.

   La jeune fille lui fait face en croisant les bras sur la poitrine.

   - Ah c’est pas mal, comme ça, on dirait que t’es fâchée contre moi.

   Nina ne dit rien mais continue de le fixer d’un œil noir.

   - Tu sais quoi ? Ton petit-déjeuner est pour moi, propose Michaël afin de détendre la jeune femme.

   Il fait mine de prendre le plateau où reposent un chocolat chaud et un croissant au beurre, mais Nina est plus rapide que lui et s’engage d’un pas décidé vers la caisse.

   - Ou pas… conclut Michaël, en passant une main dans sa mèche blonde. À cet après-midi au bureau ! lui lance-t-il, mais Nina est déjà en train de récupérer la monnaie et remercie la caissière.

 

*

 

   En passant la porte battante du bureau des plaintes de l’Université, Nina n’a qu’une seule chose en tête : parler à son frère. Celui-ci est planqué derrière son ordinateur, seuls quelques cheveux châtains dépassent de l’écran.

   - Simon, je suis désolée, mais ça ne va clairement pas le faire avec Michaël. Je ne vais pas pouvoir le supporter tous les après-midis au bureau avec nous. Ce gars est un faux-cul pas possible : un jour, on se croise sur le campus, il tourne la tête pour ne pas me saluer, le lendemain, il me fait les yeux doux et veut m’offrir à manger.

   Nina débite ce qu’elle a sur le cœur sans s’arrêter, mais elle marque une pause en voyant le visage décomposé de son frère :  

   - Qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiète-t-elle à mi-voix.

   - Un café Nina ? demande une voix depuis la kitchenette, cachée derrière l’escalier en colimaçon menant à la mezzanine.

   Michaël s’avance vers le bureau de Simon et dépose une tasse sur le rebord, avant de rejoindre le canapé du coin salon près des baies vitrées. Mal à l’aise, Nina s’affale sur sa chaise en faisant une grimace à Simon qui tente de retenir un fou rire.

   - À part ça, Mic, maintenant que tu travailles officiellement avec nous, enchaîne Simon, tu sais que tu peux t’installer à l’ancien bureau de Gabriel ?

   - Ah ouais, je sais ! réplique son colocataire. Il faut que je prenne le temps de le débarrasser un peu. Et puis, le sofa est bien plus confortable !

   - Comme tu veux !

   À ce moment, une fille mince aux longs cheveux bruns qui descendent jusqu’à la ceinture de son slim pénètre dans la pièce. Elle lance un bonjour à la ronde et range son téléphone dans son sac à main qu’elle tient pendu dans le creux de son coude droit.

   Nina, Simon et Michaël ont tous les trois relevé la tête et détaillent l’inconnue d’un air respectivement jaloux, curieux et séduit.

   - Bonjour, bienvenue au bureau des plaintes de l’Université, s’empresse de dire Michaël, en se levant et en conviant la jeune fille à s’asseoir devant son nouveau bureau.

   Il vient prendre la chaise qui fait normalement face à Nina pour l’offrir à la demoiselle. Nina veut protester mais Michaël lui fait signe de laisser tomber en passant sa main deux fois sèchement sous son menton. Elle se retourne vers Simon et chuchote :

   - Tu vois ce que je te disais ? C’est d’habitude moi qui reçois les clients.

   Simon hausse les épaules :

   - Laisse-lui une chance, il faut qu’il apprenne.

   Nina s’attable à son bureau, boudeuse, et commence alors à répondre aux messages reçus depuis le début de la semaine. Elle ne compte pas manquer une miette de l’entretien entre Michaël et la brunette, et ne se gênera pas pour intervenir si le garçon fait un faux pas.

   - Alors, qu’est-ce que je peux faire pour toi ? demande Michaël, en farfouillant autour de lui pour trouver de quoi écrire.

   - Je viens déposer une plainte, déclare fièrement la jeune femme.

   Michaël claque ses doigts en direction de ses collègues et leur mime un stylo. Nina l’ignore, mais Simon cède et lui lance un porte-mine.

   - Je souhaite poursuivre quelqu’un pour plagiat, continue-t-elle.

   - Mmmhh… marmonne Michaël en griffonnant un calepin.

   - Cette fille, Stéphanie Clark, a clairement copié la totalité de ma dissertation sur Marcel Proust. Impossible de dire comment elle a mis la main dessus, mais des passages entiers sont repris mot pour mot dans sa propre présentation. Il n’est pas question que je me laisse marcher dessus comme ça. Un ami m’a conseillé de passer vous voir pour que vous m’aidiez à gérer ce vol intellectuel.

   - Oui, tu as bien fait. Nous allons faire notre possible pour t’aider à réparer ce tort. Je vais commencer par te demander de remplir ce formulaire de dépôt de plainte.

   Michaël attrape sur l’étagère derrière lui un document de plusieurs pages qu’il lui tend.

   - Puis, nous analyserons ta situation et te recontacterons dès que possible pour entreprendre les démarches nécessaires.

   Le formulaire va rejoindre le téléphone au fond du sac à main et la jeune fille remercie chaleureusement Michaël pour sa compréhension. Il la raccompagne jusqu’à la sortie et se tourne triomphant face à ses collègues :

   - J’ai assuré, non ? s’extasie-t-il.

   Simon sourit à la candeur de son colocataire et lève les pouces en l’air.

   - Bon, je vais m’occuper de ce cas de A à Z, rassure Michaël. Par quoi je commence au fait ?

   - Tavernier ! s’écrient le frère et la sœur en même temps.

​

*

 

   Le professeur Tavernier avait conseillé à Michaël de confronter la plagiaire afin de trouver si possible un simple accord entre les deux partis. C’était pour le jeune homme l’occasion attendue de revoir la belle brune.

   Leur rendez-vous a lieu dans la cour intérieure de l’Union, le bâtiment principal du campus. Une statue d'Elsa et John Cameron, les fondateurs de l’Université, siège au centre de la pelouse. C’est le point de rencontre privilégié des étudiants. Tout autour, de petites arcades en pierre habillent les parois du vieux bâtiment en briques rouges, et protègent les fumeurs du mauvais temps. C’est là que Michaël propose aux plaignantes de s’installer pour discuter. Tous trois prennent place sur l’un des nombreux bancs, mis à disposition des élèves et de leurs professeurs.

   - Nous souhaitons réellement pouvoir régler cette histoire sans devoir faire intervenir la Faculté, explique Michaël. Ce que nous proposons, c’est de ne pas porter plainte contre toi. Et en contrepartie, tu t’engages à récrire ta dissertation sur Marcel Proust.

   - Il n’en est pas question ! s’indigne Stéphanie Clark, sautant sur ses pieds.

   Même debout, elle ne dépasse Michaël que de quelques centimètres. Elle repousse sa chevelure crépue dans son dos et affirme fermement :

   - C’est elle qui m’a volé mes idées !

   - Quoi ?! s’époumone la plaignante, en se levant à son tour pour lui faire face. J’ai écrit ce texte il y a un mois déjà !

   - Moi aussi !

   - D’accord, d’accord, calmons-nous, propose le médiateur. Asseyez-vous. Nous devons pouvoir trouver quelqu’un qui puisse témoigner de la date ou de l’authenticité de votre texte ?

   En pleine réflexion, les deux jeunes femmes ne se quittent pas des yeux.

   - Personne d’autre n’a eu accès à mon texte, déclare Stéphanie. J’ai prévu de l’envoyer la semaine prochaine, juste à temps pour le délai de reddition final.

   - Pareil pour moi. Et par hasard, je suis tombée sur le brouillon de Stéphanie dans une poubelle de classe l’autre jour. C’est là que j’ai réalisé que c’était très similaire à mon premier jet.

   - Tu veux dire que ton texte était très similaire au mien, rétorque la petite frisée.

   Michaël passe ses mains sur son visage. Il regrette déjà de s’être embarqué dans cette histoire.

 

*

 

   Le Croc’ s’est métamorphosé ce jeudi soir. Des lampions en forme de citrouilles sont posés sur les tables, des fausses toiles d’araignées pendent des appliques murales en verre, des squelettes fluorescents recouvrent le plafond. À la table de billard, un zombie affronte une sorcière sexy qui se penche lascivement sur le tapis vert. Le barman et les deux serveuses ont revêtu des tabliers de boucher ensanglantés et Michaël a le crâne transpercé d’un hachoir.

   Face aux nombreuses demandes d’invitations pour la soirée, Michaël avait fini par inventer un subterfuge qui consistait à répéter cette phrase en boucle : « Désolé, je viens de donner mes dernières entrées à mon colocataire, Simon ». Du coup, Simon n’avait eu d’autre choix que de venir à la soirée pour confirmer l’alibi de son ami. Mais il avait insisté pour que Nina l’accompagne ; il ne voulait pas se retrouver tout seul assis au bar à attendre que Michaël ait fini son service.

   - Merci d’être venue, glisse-t-il à l’oreille de sa sœur.

   - Je n’aurais de toute manière pas eu le choix, soupire-t-elle. Les filles qui habitent sur le même palier que moi, à Elsa Cameron, ne m’auraient jamais laissée tranquille ce soir.

   Nina se tourne alors vers la banquette de l’entrée et fait un petit geste de la main à un groupe de quatre super-héroïnes, qui boivent des cocktails rouge sang.

   À peine installés au bar que Michaël dépose deux chopes de bière devant eux.

   - J’adore vos déguisements, lance-t-il avec un rictus, avant de disparaitre à nouveau.

   Nina réajuste ses lunettes et son col roulé moutarde et se tourne vers son frère, agacée :

   - Tu vois, typiquement là, je suis incapable de dire s’il était sincère ou s’il se moquait de nous.

   - Je comprends ce que tu veux dire, la rassure-t-il. Michaël est comme ça. Je crois qu’il ne faut pas trop te formaliser. Après tout, tu devrais te ficher de ce qu’il pense réellement de toi, non ?

   - Complètement !

   Les frères et sœurs trinquent à l’indifférence au son de Thriller de Michael Jackson.

   - Salut vous deux ! entendent-ils alors derrière eux.

   Ils ne reconnaissent pas tout de suite la fille sous sa perruque blonde de Marylin. Et face à ce flottement, elle se sent obligée de s’expliquer :

   - Je suis venue porter plainte pour plagiat la semaine passée. Je m’appelle Anastasia.

   - Salut, moi c’est Simon, se présente le jeune homme. Et voici ma sœur, Nina.

   - En quoi exactement êtes-vous déguisés ? demande la fausse Marylin, en examinant le t-shirt vert kaki avec col en V qui tombe sur les genoux de Simon.

   - On est Véra et Sammy de Scooby-Doo.

   - Ah…

   - "Mystères et compagnie", le dessin animé, précise Nina un peu sèchement. Tu connais pas ce classique ?

   - Non, jamais entendu parler. Dites, vous avez vu Michaël ? C’est lui qui m’a donné une invitation pour ce soir et je voulais le remercier.

   - Ah bon ? Je croyais qu’il n’avait plus d’entrées, se moque Nina à l’intention de son frangin.

   - Il faut croire que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, répond Simon, en faisant signe à Michaël à l’autre bout du bar.

   Celui-ci ne tarde pas à les rejoindre avec un cocktail en main.

   - Salut Anastasia ! Super que tu aies pu venir ! Tu as fait connaissance avec Sammy et Daphné ?

   - Je suis Véra, s’exaspère Nina. Pas Daphné. Véra est futée et résout les enquêtes, Daphné ne s’intéresse qu’à son physique et doit toujours être secourue par Fred.

   Devant l’évidence de son explication, Nina plonge sa main dans un énorme plat de pop-corn et porte une poignée de maïs soufflé à sa bouche.

   - Alors ça avance ta plainte pour plagiat ? interroge Simon pour changer de sujet.

   - Oui, Michaël m’aide beaucoup. J’ai vraiment mis tous mes espoirs en lui.

   - Pour le moment, c’est sa parole contre celle de Stéphanie, explique le boucher-zombie. Comme les textes n’ont pas été publiés ou même rendus au prof, il n’y a pas vraiment de plagiat. Ce n’est qu’au moment où ce dernier les lira qu’il se rendra compte de la supercherie.

   - Oui, c’est tordu comme histoire, confirme Simon. Qu’en pense Tavernier ?

   - Il nous conseille de préparer une plainte formelle. En prévision.

   - Quel cauchemar ! soupire Anastasia. Enfin, on n’est pas là pour parler de mes soucis, n’est-ce pas ? Ce soir, j’ai envie de m’amuser et d’oublier !

   Anastasia s’éloigne vers le fond du pub-lounge. Le Croc’ est bondé, la musique tambourine aux oreilles de Nina et l’attitude sûre d’elle d’Anastasia commence à l’irriter.

   - Je crois que je ne vais pas tarder à rentrer, annonce la jeune fille à son frère.

   - Tu m’abandonnes ?

   - J’ai juste envie de me glisser dans mon pyjama et de manger des gaufres devant un vieux film d’Halloween. Mais tu peux te joindre à moi si ce programme t’intéresse.

   - Et on laisse Michaël ?

   - Je crois qu’il s’occupe très bien tout seul, raille Nina, en l’apercevant draguer Anastasia près du flipper.

   - Quel séducteur… Il ne peut pas s’en empêcher…

   Le frère et la sœur sortent donc en catimini du bar et traversent le campus pour rejoindre le bâtiment Elsa Cameron. Un Dracula tente de leur sauter dessus en hurlant mais Nina lui jette un regard à calmer toutes les ardeurs du buveur de sang.

   Arrivés au deuxième étage, où se situe la chambre que loue Nina, ils réalisent vite que quelqu’un s’est amusé à dévisser les ampoules du plafond pour plonger tout le couloir dans l’obscurité.

   - Mauvaise blague d’Halloween… ricane Simon.

   Il sursaute lorsqu’il aperçoit son faible reflet dans la porte coupe-feu vitrée. En avançant lentement, à tâtons, ils arrivent jusqu’à la chambre de Nina qu’elle met une éternité à ouvrir.

   - J’adore les couloirs noirs et déserts le soir d’Halloween, Nina, mais si tu pouvais te dépêcher un peu…

   - Oui, oui, j’arrive. J’ai trouvé ma clé, ne manque plus que la serrure. Voilà.

   Simon s’empresse d’appuyer sur l’interrupteur à gauche de l’entrée. Une suspension en papier blanc ajouré projette des étincelles de lumière tout autour de la chambre. Simon jette sa perruque de Sammy et sa veste dans un coin et va tirer les rideaux. Puis, il s’affale sur le lit, à gauche de la fenêtre.

   La chambre fait une dizaine de mètres carré et n’accueille pour tout autre mobilier qu’un bureau en bois clair, une commode et un lavabo jaunâtre.

   - Alors, qu’est-ce que tu avais prévu de regarder ? demande Simon.

   - Chucky !

   - Mouais…

   - Quoi ?

   - Je sais que tu vas vouloir regarder celui avec la fiancée, Tiffany. Et je vais argumenter que le seul vrai Chucky, c’est le premier. Et que les suivants ne sont que de piètres récidives. Et on va se disputer et finir par regarder rien du tout.

   Nina ne répond pas. Elle sait au fond d’elle que son frère a raison et qu’elle ferait mieux d’abdiquer tout de suite. Mais quelque chose d’autre vient de lui traverser l’esprit. Si rapidement qu’elle n’a pas eu le temps de l’enregistrer. Elle fronce les sourcils.

   - Ça va ? questionne Simon.

   - Oui… j’ai eu une idée, mais… je ne sais plus laquelle.

   - Peut-être que tu t’es dit que Chucky 1 était le meilleur de la série ?

   - Peut-être… Bref. Peu importe, ça me reviendra. Allez, va pour Chucky 1 ce soir.

   - Très bon choix !

   Pour se mettre dans l’ambiance, ils éteignent les lumières, allument quelques bougies et se pelotonnent sur le lit avec un paquet de gaufres.

 

*

 

   Lorsqu’elle émerge de son sommeil le lendemain matin, il n’est que cinq heures et demie. Mais, alors qu’elle pourrait dormir encore deux bonnes heures, Nina saute hors de son lit. Ça y est ! L’idée qui lui trottait hier dans le fin fond de la tête est réapparue. Elle s’habille et se prépare à filer chez Simon et Michaël pour partager avec eux sa découverte, mais réalise qu’il est beaucoup trop tôt. Seulement, elle est maintenant incapable de se recoucher et décide plutôt de faire un petit jogging matinal autour du campus.

   À cette heure-ci, seuls quelques sportifs motivés comme elle et les promeneurs de chien ont le nez dehors. Une brume d’automne se faufile entre les arbres et les bâtiments universitaires, et le calme environnant apaise la jeune fille. Des canettes de bière vides et des cartons tachés de graisse à pizza gisent près des bancs et des poubelles. C’est souvent ce même spectacle de désolation festive qui suit les jeudis soirs et qui dure jusqu’au premier passage des éboueurs vers huit heures.

   Après sa course, Nina enchaîne avec une douche et profite de s’éterniser dans la salle de bain commune, inoccupée à cette heure matinale. Elle se sert un bol de céréales dans la cuisine qu’elle partage avec les locataires de son étage, et va le manger dans sa chambre, assise en tailleur sur le rebord de sa fenêtre.

   Lorsqu’elle ressort, quelques minutes plus tard, la brume ne s’est toujours pas levée. La jeune femme enfonce les poings dans les poches de sa doudoune et marche d’un bon pas jusque vers le lotissement où Simon et Michaël partagent un trois pièces.

   Pour annoncer sa présence, elle presse deux rapides coups sur la sonnette. Simon met une éternité pour atteindre la porte d’entrée. Il soulève le loquet, appuie sur la poignée et repart dans le couloir. Nina pousse la porte et entre comme si elle était chez elle.

   - Qu’est-ce que tu fous ici aussi tôt ? demande-t-il, en se frottant les yeux avec ses index.

   - Il fallait absolument que je vous voie au plus vite, j’ai eu une révélation cette nuit à propos de l’affaire de plagiat.

   Simon disparaît dans la cuisine à la recherche d’une tasse à café propre.

   - Et il est quand même sept heures et demie, ajoute sa sœur pour se justifier.

   - Ce qui signifie que je n’ai pas cours avant deux bonnes heures.

   Michaël émerge à son tour du couloir, vêtu uniquement d’un caleçon, sa mèche blonde en bataille.

   - Alors j’ai bien entendu quelqu’un sonner à la porte… marmonne-t-il.

   - J’ai un indice ! s’exclame Nina.

   Les deux garçons la regardent comme si elle avait perdu la tête.

   - C’est Véra de Scooby-Doo qui dit toujours ça : « J’ai un indice ! », explique-t-elle.

   - Et moi, je suis sûr que Véra ne sort jamais Sammy et Fred de leur lit un vendredi matin, raille Michaël.

   Simon entreprend de tirer un second café, alors que Michaël ouvre le frigo et contemple son contenu pendant plusieurs secondes.

   - Alors tu considères que tu es Fred ? demande Nina, en souriant. Je te voyais plutôt en Scooby-Doo…

   - Scooby-Doo est un chien, réplique Michaël, en refermant la porte du réfrigérateur d’un coup sec.

   - Mais c’est le héros, précise Nina.

   - On s’éloigne pas un peu du sujet, là ? demande Simon.

   Michaël intercepte la tasse de café que Simon tend à Nina. Celle-ci lui adresse une grimace.

   - Tu me dois bien ça pour m’avoir réveillé, justifie-t-il.

   - Je disais donc, reprend la jeune fille, que j’avais eu une illumination cette nuit. C’est à cause de ce que tu as dit hier soir, Simon, à propos de Chucky 4.

   - Chucky 4 ? s’étouffe Michaël. Une grosse daube. Il n’y a que le premier qui vaut la peine.

   - Amen, ponctue Simon, en tendant sa paume à son ami qui tape dedans.

   - Peu importe ! s’énerve Nina. Simon, tu as parlé de récidive. Sur le moment j’ai pas tilté, mais ce matin, j’ai réalisé : si Stéphanie Clark a plagié Anastasia, alors ce n’est sûrement pas la première fois qu’elle plagie quelqu’un.

   Simon et Michaël l’écoutent d’une oreille attentive et hochent la tête.

   - Tu veux dire qu’il faut qu’on cherche d’autres plagiats ? interroge Michaël.

   - Oui, c’est pas con, ajoute Simon. Ce serait la preuve qui nous manque.

   - Je vais m’en occuper cet après-midi et faire des recherches dans les archives de l’Université.

   Un bruit provenant du couloir attire l’attention des trois collègues. Anastasia, enroulée dans une serviette de bain gris clair, débarque sur la pointe des pieds dans le séjour. Ses longs cheveux bruns sont enserrés dans un linge qui fait un nœud sur son crâne.

   - Bonjour, lance-t-elle à la ronde, comme à son habitude.

   - Tu prends un café ? interroge Michaël, en replaçant son propre mug sous la cafetière.

   - Non, merci, je vais filer.

   Elle récupère sa robe blanche maculée de Marylin au pied du canapé, s’avance dans la cuisine, embrasse Michaël langoureusement sous les yeux médusés de Nina et Simon et repart en direction du couloir. Le garçon leur adresse un sourire béat et suit ses pas.

   - C’est une blague ?! s’agace Nina.

   - Je ne crois pas, non, répond son frère.

   - Ils ont couché ensemble ?!

   - Si tu veux mon avis…

   - Non, non, c’est bon. Ne dis rien, le coupe-t-elle. Je ne veux pas savoir.

   Nina récupère ses affaires et s’apprête à sortir, furieuse, de la cuisine.

   - Si tu veux mon avis, reprend tout de même Simon en esquissant un sourire. Tu m’as l’air un peu jalouse.

   - Alors là, rien à voir ! Je trouve juste que… que ce n’est pas du tout… approprié. C’est anti-professionnel !

   Elle sort comme une furie de l’appartement en évitant de croiser le regard de son frère.

   - Anti-professionnel ? Pas sûr que ce soit dans le dictionnaire, ça… s’interroge Simon, resté seul devant la machine à café.

 

*

 

   Le bureau des plaintes de l’Université est habituellement fermé le vendredi après-midi car la plupart des étudiants sont de sortie et l’administration tourne déjà au rythme du week-end. Mais Nina tient absolument à vérifier son hypothèse de récidive plagiaire. Alors elle grimpe jusqu’à la mezzanine qui fait le tour de la pièce. Le palier de l’étage est très étroit car il est encombré de bibliothèques qui montent jusqu’au plafond et Nina se tient à la rambarde en fer forgé de style art déco pour calmer son vertige.

   Sur les étagères, on trouve toutes sortes d’ouvrages : de la littérature classique, des volumes de lois, des livres historiques, des recueils scientifiques dont les sujets très obscurs font froid dans le dos, comme Des procédés de constriction strangulatoire, ou Observations des rites funéraires des civilisations précolombiennes, et encore Méfaits et bienfaits des poisons médicamenteux à usage ésotérique.

   Ce que cherche Nina est stocké à l’autre bout de la coursive, au-dessus de la porte d’entrée. Le professeur Tavernier a une tendance un peu maniaque à vouloir conserver une trace écrite de chaque plainte déposée au bureau, et de chaque affaire traitée par la Faculté et liée à la vie de l’Université. Il conserve formulaires, courriers et tout document officiel dans de lourdes boîtes qu’il entrepose dans cette partie de la mezzanine.

   Pendant une bonne heure, Nina feuillette des pages et parcourt des paragraphes du regard. Stéphanie Clark n’apparait décidément nulle part, mais le cerveau de Nina s’arrête tout à coup sur un autre nom qui ne lui est pas inconnu. La jeune fille dégaine la caméra de son smartphone et photographie les deux pages qui l’intéressent.

   - Michaël et Simon ne vont pas y croire, murmure-t-elle.

   C’est alors qu’elle redescend l’escalier en colimaçon qu’une voix se fait entendre :

   - Il y a quelqu’un ?

   - Le bureau est fermé les vendredis, réplique Nina du tac au tac. Vous pourrez repasser lundi dès quatorze heures.

   Une petite silhouette au visage foncé encadré de frisettes semble figée dans l’entrebâillement.

   - D’accord. Je viendrai porter plainte pour plagiat, dit-elle, en amorçant un demi-tour.

   - Plagiat ? s’exclame Nina. Attends ! J’ai de toute manière terminé ce que j’étais en train de faire. Viens t’asseoir et raconte-moi.

 

*

 

   Simon secoue la tête en écoutant sa sœur :

   - C’est pas possible… Alors ça, c’est du retournement de situation !

   - Je n’en croyais pas mes yeux non plus. Il faut absolument qu’on rapporte cette histoire à la Faculté.

   - Et tu as déjà prévenu Michaël ? s’inquiète Simon.

   - Me prévenir de quoi ?

   Michaël vient de franchir la porte du bureau et enfourne la dernière bouchée de son donut au sucre en se léchant les doigts. Nina trépigne d’impatience :

   - J’ai fouillé les archives à la recherche d’une éventuelle plainte contre Stéphanie Clark. Mais un autre nom est ressorti.

   Elle lui tend l’écran de son téléphone. Le jeune homme attrape un mouchoir en papier sur la table basse, le passe sur ses lèvres, le chiffonne et le lance dans la corbeille près du bureau de Nina. Puis, il saisit l’appareil :

   - Anastasia Kobarev ?!

   - Son nom est apparu dans une affaire de plagiat l’année passée. Une élève de sa classe de littérature l’accusait d’avoir copié plusieurs parties d’un article sans le citer.

   Michaël rend son smartphone à Nina et se laisse tomber en arrière dans le canapé en cuir :

   - Ok, finit-il par articuler. Qu’est-ce que t’en penses ?

   - À mon avis… commence Nina.

   - Je parlais à Simon, la coupe-t-il. Excuse-moi Nina, mais j’aimerais avoir un point de vue neutre.

   La jeune fille prend un air étonné, mais décide de ne pas rétorquer. Simon hausse les épaules, ne souhaitant prendre parti ni contre sa sœur ni contre son meilleur ami. Il finit tout de même par répondre :

   - Au vu des preuves, on dirait qu’Anastasia a incriminé Stéphanie pour éviter que celle-ci découvre le pot aux roses et dépose une plainte en premier.

   - Découvre le poteau, quoi ?

   - Découvre le pot aux roses, c’est-à-dire découvrir son secret, énonce Nina pour traduire le vocabulaire vieillot de son frère.

   - Ce serait vraiment tordu quand même.

   - Il faut convoquer Anastasia et la confronter à nos découvertes, propose Nina.

   - Je vais m’en occuper, réplique Michaël. C’est à moi de lui annoncer ça.

   Le garçon se lève du canapé pour s’installer à son bureau. L’ambiance étant un peu tendue, Nina préfère s’éclipser. Elle a de toute façon rendez-vous à la cafétéria une demi-heure plus tard.

 

*

 

   Michaël a prévu de voir Anastasia au Croc’, juste avant son service. Cela lui donnera ainsi une bonne raison de ne pas éterniser l’entretien.

   La jolie brune arrive un peu en retard. Le bar est assez calme les après-midis, la musique rock est baissée pour permettre aux étudiants de discuter ou travailler. Elle s’avance, un grand sourire aux lèvres qu’elle dépose sur celles de Michaël. Le jeune homme se laisse faire une seconde, puis la repousse gentiment :

   - Écoute Anastasia, il faut qu’on parle.

   - Qu’est-ce qu’il y a ? Tu m’inquiètes là, avec ton air sérieux, ricane-t-elle.

   - Oui c’est sérieux. J’ai appris que tu avais été accusée de plagiat l’année dernière.

   Son sourire s’efface l’espace d’une seconde, avant de revenir :

   - Ah, mais c’était une erreur. La fille a retiré sa plainte.

   - Oui, parce que vous avez trouvé un arrangement. Tout est enregistré dans les archives.

   La mine bien aise d’Anastasia se décompose en un air froid et vengeur :

   - Attends, ne commence pas à me faire la morale ! Personne n’est parfait, n’est-ce pas ? D’après ce que j’ai vu dans ta chambre l’autre nuit, tu n’es pas un ange non plus…

   Le teint de Michaël vire au pâle :

   - Où est-ce que tu veux en venir, Anastasia ?

   - J’ai moi aussi quelques dossiers sur toi, menace-t-elle, en rapprochant son visage à quelques centimètres de celui du garçon. Alors, soit tu m’aides à déposer cette plainte, soit je balance tout.

   Sur ce, la jeune fille lui envoie un baiser en l’air et sort du Croc' d’un pas sûr et sans se retourner.

   - Merde ! crache Michaël, en tapant sur la table.

   Quelques têtes se tournent vers lui et chuchotent.

   Le jeune homme passe les jours suivants à considérer la menace d’Anastasia. Au fond de lui, il sait qu’il ne devrait rien avoir à se reprocher. Mais personne à l’Université n’est au courant de son secret, pas même Simon et Nina, et cela signifierait devoir leur expliquer toute l’histoire. En plus, le jeune homme a honte de s’être fait avoir si facilement par cette fille.

   Peut-être y a-t-il un moyen de mettre à jour le mensonge d’Anastasia tout en protégeant ses arrières ? Par exemple, en envoyant une lettre anonyme à la commission chargée d’examiner les cas de plagiat. Ou en chargeant quelqu’un d’autre de faire remonter l’information jusqu’à la bonne personne. Pourtant, ça n’empêcherait pas Anastasia de croire que cela viendrait de lui. Et faire appel à quelqu’un d’autre serait la preuve qu’il est incapable de gérer cette affaire. Non, il a annoncé prendre le travail de A à Z et compte bien aller jusqu’au bout sans l’aide de personne.

 

*

 

   La commission de contrôle des plagiats convoque Anastasia un mercredi après-midi. Ayant décidé de jouer profil bas en présentant la plainte de la jeune fille de la manière la plus neutre possible, Michaël s’y rend à reculons. Leur sort est désormais entre les mains de la Faculté, mais il espère que tout cela soit bientôt derrière lui.

   La séance ne traîne pas en longueur. Après l’accueil par le président de la commission, Anastasia et Michaël prennent place. La pièce dans laquelle ils se trouvent jouxte le bureau des plaintes de l’Université et est très similaire à celui-ci : haut plafond, larges portes-fenêtres, boiseries recouvrant les murs. Sauf qu’ici, les tables sont arrangées en forme de U et des portraits d’anciens membres de la Faculté jugent les intervenants depuis leurs lourds cadres plaqués or.

   Le président, un cinquantenaire avancé au crâne dégarni, est accompagné d’une secrétaire et d’une autre femme, en tailleur et coupe au carré, assise droite comme un piquet à sa gauche. Celle-ci énonce les faits retenus contre Mlle Clark. Puis, contre toute attente, le président déclare avoir reçu, il y a de cela deux semaines, une autre plainte pour plagiat. Contre Anastasia.

   La jeune fille fusille Michaël du regard, mais celui-ci a l’air tout aussi interloqué qu’elle et n’ose pas bouger.

   À ce moment, la secrétaire se lève et va ouvrir la porte de la salle. On l’entend chuchoter à l’extérieur, puis apparait derrière elle une Stéphanie Clark au visage triomphant.

   - C’est Mlle Clark qui a porté plainte contre vous. Et après examen de vos deux dossiers, nous ne pouvons que constater que les preuves jouent en votre défaveur, Mlle Kobarev. C’est pour cela que nous vous avons convoquée aujourd’hui. La Faculté a une tolérance zéro concernant le plagiat.

   Anastasia veut protester, mais le président lève la main pour l’en empêcher.

   - La commission a donc décidé, en accord avec la Faculté, de vous renvoyer de l’Université, avec effet immédiat.

   - Monsieur… intervient-elle. S’il vous plait…

   - Tout recours est à présenter directement à la Faculté, coupe-t-il.

   Alors que le président les remercie et leur montre le chemin de la sortie, Anastasia se jette sur Michaël :

   - Comment as-tu osé ? crache-t-elle.

   - Ce n’est pas moi, je te jure ! s’écrie le jeune homme. T’as pas entendu ? La plainte a été déposée il y a deux semaines. À ce moment-là, on n’en avait pas encore discuté, toi et moi.

   - Peu importe. Je n’en ai pas fini avec toi, Michaël, réplique-t-elle, en quittant la salle.

   Le garçon reste les bras ballants devant la porte. Il ne comprend pas ce qui s’est passé : qui a aidé Stéphanie à porter plainte contre Anastasia ? Comment les preuves sont-elles arrivées à la commission ? Mais un début de réponses se profile à sa sortie lorsqu’il aperçoit Nina et Stéphanie se serrer la main.

   - C’était toi ? questionne Anastasia à l’attention de Nina.

   - Stéphanie Clark est passée au bureau des plaintes le jour où j’ai trouvé la preuve contre toi. Je n’ai rien dit à Michaël car je savais qu’il essaierait de s’interposer. Nous avons monté le dossier en quelques heures et l’avons déposé bien avant qu’il ne vienne te confronter. Il n’y est pour rien.

   Anastasia toise Nina de haut et lance un regard méprisant à Stéphanie.

   - Tu as tenté le coup, conclut Michaël. Bien joué. Mais t’as perdu Anastasia.

   Devant la force de caractère de ces trois-là, Anastasia préfère laisser tomber et s’éloigne sans un mot dans le couloir de l’Union. Nina se tourne vers son collègue.

   - Je crois que je te dois des remerciements, avoue Michaël.

   - Je me contenterai d’aveux.

   - Avouer quoi ? s’inquiète Michaël.

   - Que mélanger boulot et sexe n’est jamais une bonne idée.

   - Hum… ouais, j’avoue.

   - Et je m’excuse aussi de t’avoir coupé l’herbe sous le pied, de t’avoir caché certaines choses et d’avoir joué dans ton dos, ajoute Nina.

   - Ouais, c’est vrai que c’était pas correct. Véra n’aurait jamais fait ça à Fred.

   Nina se déride face à la boutade de Michaël :

   - C’était pourtant une vraie enquête à la Scooby-Doo, non ? Avec plein de coups de théâtre et des coupables là où on ne s’y attend pas.

   - C’est vrai. Allez viens je t’emmène dans mon van vert et bleu au Croc’ pour aller boire une bière !

   - Ok, et pour une fois c’est moi qui offre !

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